20 juillet 2015 1 20 /07 /juillet /2015 00:04

Texte de HORI Yasuo rédigé le 19 juin 2015

traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN avec l’aide de Paul SIGNORET

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Sommaire

  • Plan remanié pour le démantèlement des réacteurs
  • Des robots ont exploré l'intérieur du réacteur n°1
  • Les muons travaillent pour explorer l'intérieur du réacteur
  • État conjecturé des combustibles nucléaires dans les réacteurs 1, 2,et 3
  • Problème des déchets contaminés
  • Problème de l'eau contaminée
  • Une énorme quantité de déchets contaminés
  • L'accident n'est pas du tout terminé

    

Comment progresse le démantèlement des réacteurs endommagés ?

    Dans la centrale nucléaire n°1 de Fukushima se trouvent 6 réacteurs, dont 4 (n°1 à 4) ont été endommagés par le tsunami. Au début, nous pensions que le réacteur n°4 connaissait la situation la plus grave, parce que des combustibles nucléaires étaient dans la piscine de son bâtiment dégradé. Si un autre tremblement de terre avait lieu et ébranlait davantage le bâtiment, l'eau fuirait et les combustibles seraient mis à nu. Cependant, on a réussi à retirer tous les combustibles et à les mettre dans un autre bassin, de sorte que la menace d'une crise majeure à présent n'existe plus pour le réacteur n°4.

 

 Plan remanié pour le démantèlement des réacteurs


    Le 12 juin 2015, le gouvernement et TEPCO ont publié un plan remanié pour le démantèlement des quatre réacteurs endommagés.
    Y figurent 3 étapes:
  1. Préparation* (enlever les débris autour des réacteurs et préparer les conditions pour l'enlèvement des combustibles nucléaires)
      * Ces préparatifs sont en cours.

  2. Retirer les combustibles nucléaires encore dans les bassins des bâtiments.

  3. Retirer* les combustibles nucléaires fondus du bâtiment.
      * Pour ce faire,  on est en train d'explorer l'intérieur des réacteurs à l'aide de robots et de muons (électrons lourds, avec 207 fois plus de masse qu'un électron normal).      
                   

 

Plan initial hachuré, plan remanié en gris foncé. On voit déjà que les travaux se prolongeront jusqu'à 2025 et au-delà.

Plan initial hachuré, plan remanié en gris foncé. On voit déjà que les travaux se prolongeront jusqu'à 2025 et au-delà.

Selon ce plan, dans trente, dans quarante ans on travaillera encore pour les réacteurs. Est-ce que les générations futures pourront faire face à un travail d'une telle importance, et en même temps si stupide ? Il est tout à fait certain, que je ne verrai pas la fin de la centrale.

 

Des robots ont exploré l'intérieur du réacteur n°1


           Le 13 avril, TEPCO a réussi à photographier l'intérieur du réacteur n°1 avec un robot. L'intensité de la radioactivité y était de 10,3 sieverts par heure. Les humains ne peuvent pas approcher de cet endroit en raison de la forte radioactivité.

Comment progresse le démantèlement des réacteurs endommagés de Fukushima ?

Il semble que les robots soient très utiles, mais un chercheur déclare ceci :

 

"Jusqu'à présent on n'avait pas utilisé de robots pouvant intervenir en cas d'accidents nucléaires, car on croyait qu'au Japon des accidents graves ne se produiraient pas. Cependant, même si on arrive un jour à avoir des robots efficaces, ils ne pourront effectuer que peu de travaux. Finalement, les humains doivent  tout faire de leurs propres mains ".

 

Dans le bâtiment du réacteur, la radioactivité est si forte que la durée de vie de ces robots est seulement de 10 heures. Les réacteurs n'étant pas tous dans le même état, on doit utiliser des robots de diverses formes et diverses sortes.

Un robot de 60 centimètres de longueur, 9,5 cm de hauteur, 7 cm de largeur et d'un poids de 10 kg , liniforme quand il rampe dans le tuyau d'accès, arrivé dans le bâtiment se dispose en forme de U pour travailler. Son prix n'apparaît pas dans Internet.

Un robot de 60 centimètres de longueur, 9,5 cm de hauteur, 7 cm de largeur et d'un poids de 10 kg , liniforme quand il rampe dans le tuyau d'accès, arrivé dans le bâtiment se dispose en forme de U pour travailler. Son prix n'apparaît pas dans Internet.

Les muons travaillent pour explorer l'intérieur du réacteur

 

Lorsque des muons traversent un  matériau dense comme l'uranium, ils sont absorbés ou bien changent leur trajet. L'université de Nagoya a publié les résultats d'un essai d'utilisation de muons pour voir l'intérieur des réacteurs à travers leur paroi. Selon les recherches, les combustibles nucléaires dans les trois réacteurs sont dans l'état suivant :

 

 

État conjecturé des combustibles nucléaires dans les réacteurs 1, 2,et 3

Comment progresse le démantèlement des réacteurs endommagés de Fukushima ?

Problème des déchets contaminés


       Trois bâtiments ont explosé, de sorte que sur le terrain de la centrale nucléaire n°1 des débris de ces bâtiments ont été projetés ici et là. On les collecte, on en fait des monticules que l'on couvre de terre, mais la quantité augmentera toujours plus, car on va commencer à démolir les bâtiments endommagés. Certains détritus sont fortement radioactifs, de sorte qu'on ne peut pas simplement les jeter, mais on doit en gérer attentivement le stockage.

Lieu d'entreposage des tours d'absorption

Lieu d'entreposage des tours d'absorption

Le nombre de tours d'absorption pour les substances radioactives est également en augmentation. On purifie l'eau contaminée par le procédé ALPS et grâce à d'autres machines, mais on ne peut pas anéantir les substances radioactives. Celles-ci sont regroupées dans les tours d'absorption. Le nombre de ces tours est maintenant de 1621 ( janvier 2015) et ne cesse de croître. Le plus gros problème est qu'on ne dispose pas du moyen ultime pour traiter ces déchets.

 

Problème de l'eau contaminée


        Chaque jour, arrivent 300 tonnes d'eaux souterraines sous les bâtiments endommagés et elles se chargent de radioactivité. Actuellement, on les pompe et on les met dans d'énormes cuves. Le nombre de ces cuves est de plus de 1000. Ceci est un très gros problème, donc TEPCO a commencé à construire un mur de terre gelée de 1500 mètres de long autour des bâtiments pour empêcher l'arrivée de l'eau, mais il est douteux que le plan réussise.

 

         Cette eau polluée, stockée, est purifiée par le procédé ALPS, mais on ne peut éliminer le tritium, donc on doit continuer à garder cette eau «purifiée». TEPCO et le gouvernement veulent la rejeter en mer, mais les pêcheurs du département n'ont pas confiance en TEPCO  et s'y opposent fortement.

Les déchets contaminés sont recouverts de plastique vert  pour être "en harmonie" avec la nature

Les déchets contaminés sont recouverts de plastique vert pour être "en harmonie" avec la nature

Une énorme quantité de déchets contaminés

 

Partout dans le département de Fukushima, on racle la terre contaminée et on la met dans des sacs. Cela constitue 22 millions de mètres cubes. Le gouvernement envisage de conserver ces déchets dans les villes d'Ōkuma  et de Futaba, où se trouve la centrale nucléaire n°1. Ces villes appartiennent à la zone déclarée "inhabitable pour une longue durée" en raison de la radioactivité. Elles ont accepté ce plan sous la condition que, au bout de 30 ans, le gouvernement transporterait les déchets contaminés hors du département de Fukushima. Les habitants des villes comprennent bien dans leur cerveau que l'on doit conserver ces déchets contaminés quelque part, mais dans leur cœur ils ne peuvent accepter la perte de leurs champs et de leurs maisons. En outre beaucoup ne croient pas que cette condition sera respectée et craignent que le dépôt reste à jamais dans leur ville.

En mars, on a commencé le transport de terre polluée dans ces deux villes sur le terrain préparé à cet effet. Selon le plan, le gouvernement va construire un "avant-dernier stockage" sur une zone de 16 kilomètres carrés contre la somme de 1100 milliards de yens (11 milliards d'euros), mais presque personne parmi les propiétaires de terrain n'accepte de vendre ses terres, car le prix proposé est trop faible.

Déjà depuis plus de 4 ans, ces terres et ces déchets sont stockés en plein air dans des sacs en plastique sur 720 lieux de stockage provisoire et 50.000 terrains privés. De nombreux sacs se sont rompus et cela inquiète les habitants.

 

Non seulement dans le département de Fukushima, mais également dans les départements environnants, se trouve une énorme quantité de terre contaminée :

 

Comment progresse le démantèlement des réacteurs endommagés de Fukushima ?

Les départements respectifs doivent éliminer ou conserver ces terres et détritus, mais nulle part on ne peut décider de l'endroit pour cela.
    * Je vis dans le Gunma (10), mais ces derniers temps je n'entends jamais dire comment on conserve ces déchets contaminés.

 

L'accident n'est pas du tout terminé


        Le premier ministre Abe a prétendu devant le monde entier que l'accident était   désormais sous contrôle, mais c'est un mensonge. Nous pouvons dire que presque aucun problème n'est résolu.

 

Dans le journal Akahata du 8 avril 2015, est paru un article disant que, dans de l'eau de mer collectée sur la côte de l'Océan Pacifique de l'Etat de Colombie-Britannique, au Canada, on a détecté des substances radioactives provenant de Fukushima.

 

Dans le journal Fukushima-Minyū du 25 avril, le professeur Aoyama Michio de l'université de Fukushima a publié qu'en raison de l'accident 3 500 000 milliards de becquerels de césium 137 s'étaient écoulés dans la mer, qu'entre 12 et 15 millions venus par les airs y étaient tombés, et que l'eau de mer contaminée se déplaçait vers l'est à la vitesse de 3 à 7 km par jour.

L'eau contaminée se déverse continuellement dans la mer depuis la survenue de l'accident qui, de fait, n'est pas terminé et continue de menacer le monde.

Comment progresse le démantèlement des réacteurs endommagés de Fukushima ?

Dernière MAJ : 20/07/15

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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 23:48
Expérience vécue par deux femmes ayant fui à Hokkaido

Texte de HORI Yasuo rédigé le 18 juin 2015

traduit de l'espéranto par Paul SIGNORET avec l’aide de Ginette MARTIN

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"Il y a deux ans, j'ai fait une conférence dans Sapporo, le chef-lieu d'Hokkaido, l'île la plus septentrionale du Japon, et là j'ai rencontré une dame âgée. Elle m'envoie souvent diverses informations sur Hokkaido et entre autres, des rapports concernant la centrale nucléaire Tomari, située dans l'île. Contre cette centrale, se déroule un procès au cours duquel deux femmes ont exprimé leur expérience et leur opinion au sujet de l'accident nucléaire de Fukushima. J'ai trouvé la chose digne d'être traduite.

Témoignage de Mme Honda Junko

 

Je suis Honda Junko. J'ai fui la ville de Kagamīshi, située au centre du département de Fukuŝima, pour la ville de Sapporo, dans Hokkaido. Ce qui m'a déterminée à fuir, c'est la détérioration de la santé de ma fille.

Expérience vécue par deux femmes ayant fui à Hokkaido

En avril 2011, après l'accident nucléaire de Fukushima, celle-ci, âgée de douze ans, a recommencé à fréquenter l'école. Bientôt j'ai remarqué, sur son visage, l'apparition d'exanthèmes que je n'avais jamais vus auparavant. J'ai été surprise et nous avons consulté un médecin. Celui-ci a dit qu'il ne s'agissait pas d'impétigo. Plus tard j'ai su qu'après l'accident nucléaire de Tchernobyl, des gens à peau sensible avaient souffert du même mal.

 

J'ai téléphoné à l'école, en demandant qu'au repas de midi des produits provenant de Fukushima ne soient pas servis aux élèves, au déjeuner, et qu'on ne leur permette pas de jouer à l'extérieur. Mais la réponse fut, que ces repas et les activités des enfants à l'extérieur ne posaient aucun problème, car le gouvernement les avait reconnus sans danger.

 

Jugeant que, dans ces conditions, nous ne pouvions plus vivre là, j'ai décidé d'aller loger à Sapporo dans Hokkaido. Mon mari et ma fille sont partis en juin et moi en juillet, après que j'ai fermé mon institut de beauté. J'aimais ma ville, j'y avais travaillé assidûment pendant quinze ans, et voilà que je devais la quitter, ainsi que mon salon et mes collègues de travail, mes amis et mes parents. En rangeant nos affaires dans la maison et en regardant les photos de mes jeunes enfants, je fus prise d'une affreuse tristesse. Je ne cessais de me demander en pleurant, ce qui m'avait attiré ce malheur. J'ai longuement pensé à tout cela, mais finalement j'ai décidé de n'agir qu'en fonction de la santé de ma fille.

 

C'était la première fois que je venais à Hokkaido. La vie y est difficile. Mon mari a eu un nouvel emploi au bout de quelques mois, mais son salaire n'était que de cent mille yens (mille euros). J'ai ouvert un institut de beauté, mais chaque mois j'étais en déficit. Je devins si fatiguée, que mon corps souffrit de raideurs et ne pouvait bouger.  Je dormais toute la journée. Je perdis toute confiance en moi pendant cette période de ma vie.

 

Mon fils, qui loge dans une autre ville, a cessé de fréquenter son collège car nous ne pouvions plus payer les frais d'études. Ma fille devait passer un examen d'entrée pour une école moyenne dans une ville étrangère. Quelle détresse était la sienne ! Tous souffraient physiquement et moralement jusqu'à la limite du supportable, dans une ville qui leur était étrangère et des conditions de vie changées. Tous pleuraient en cachette, en évitant de montrer leurs larmes aux autres.

 

Comme nous sommes des réfugiés volontaires, TEPCO ne nous verse aucune indemnité. Nous vivions avec un petit salaire et l'argent de notre épargne. Nous avons vendu notre voiture, résilié l'assurance et, une année plus tard, nous avons cédé notre maison et l'institut de beauté dans le département de Fukushima.

 

Nos liens d'amitié avec nos relations et la bonne entente avec nos parents se sont rompus, car nous n'avions pas la même opinion ni la même attitude face à la radioactivité. Je ressentais une telle fureur, que j'ai appelé TEPCO et j'ai hurlé dans le téléphone, mais après j'ai eu honte de mon indécence.

 

Je pense que si je me tais, le gouvernement et TEPCO nous ignoreront et  déclineront toute responsabilité, aussi ai-je accepté toutes les interviews, à la télévision et dans les stations de radio, et je suis intervenue dans diverses réunions. J'ai également pris part au procès. En m'interrogeant sur les raisons que j'avais d'agir ainsi et sur ce qui motivait ma douleur et ma tristesse, je restais sans dormir de nombreuses nuits. Je souriais aux autres mais à l'intérieur de moi-même, je pleurais. Je sentais que j'allais me briser si je ne riais plus. Deux ans et demi ont passé, ma vie s'est un peu stabilisée et désormais je peux rire un peu, cependant il me sera impossible de vivre aussi heureuse que je l'étais dans le Fukushima.

 

Face à l'affection thyroïdienne, le gouvernement réagit très lentement, aussi ai-je fait examiner ma fille à mes frais. Sa glande a grossi plus que l'an dernier. Le médecin dit que cela n'a pas d'importance, mais je m'inquiète.

 

Nombreux sont ceux qui ont déjà oublié la catastrophe, pourtant je pense que de vraies souffrances vont apparaître à partir de maintenant. Parmi mes amis, quatre déjà ont divorcé en raison peut-être de divergence d'opinion sur la radioactivité. Quelles douleurs ont été les leurs ? Pourtant j'ai décidé de ne plus pleurer, car la colère affecte mes cellules, mais aussi les gens de ma famille et mes amis autour de moi. Je me suis réfugiée à Sapporo pour sauver ma fille et ce n'est pas en tombant malade que je  pourrai la sauver. Il vaut mieux vivre dans les rires que dans les pleurs. Je dois donc agir en riant, c'est la leçon que j'ai tirée de ma dure expérience. Cependant je ne peux pardonner au gouvernement ni à TEPCO qui  nous ont volé notre tranquillité, qui nous terrorisent par la radioactivité et qui font fi de nos souffrances. Si nous, les victimes, ne protestons pas contre eux, qui le fera ?

 

Témoignage de Mme Tsuzuki Hiroko

 

Le 21 juillet 2011, quatre mois après l'accident nucléaire, j'ai quitté ma maison avec mon mari et mes deux enfants. J'ai fait mes adieux à mes parents, mais je n'ai pu prononcer « Au revoir ! », car ma maison était ici, et je ne savais pas quand je pourrais y revenir. Mon cœur vacillait. Pour retenir mes larmes, j'ai levé les yeux : le ciel bleu était là, comme auparavant, mais je savais que tout déjà était changé à cause de l'accident nucléaire. Je ne peux plus vivre tranquille comme avant.

 

Mon mari et moi sommes nés et avons grandi tous deux à Tokyo. En 1995, mes parents, qui aiment la montagne, ont choisi de s'installer dans la ville de Shirakawa. Nous leur rendions souvent visite, nous aussi nous aimions beaucoup cette ville et nous y avons emménagé en 1997. Mes deux enfants sont nés dans le département de Fukushima, qui est donc leur foyer. Nous avions vécu quatorze ans dans la ville. Ce jour-là nous avons dû lui dire adieu, en laissant derrière nous nos parents et notre chère maison, ce qui nous causa une grande tristesse.

 

La ville de Shirakawa est distante de 80 kilomètres de la centrale n° 1 de Fukushima. Quand se produisit l'accident, on entendait dire seulement : “Ici ça n'a pas d'impact”, “Il n'y aura aucun problème”, “Soyez tranquilles”. Je ne pouvais approuver ces propos, car l'accident était sans précédent.

 

En avril a commencé la nouvelle année scolaire. J'ai suggéré à l'école, que l'on nettoie le gymnase et qu'en attendant on interdise aux élèves de l'utiliser, mais la réponse, toujours la même, a été : “Il est bon que les élèves fassent comme d'habitude” et cependant, de façon inconséquente, le port d'un masque, d'une chemise à manches longues et d'un pantalon leur a été prescrit. En voyant mes enfants partir chaque matin à leur cours, je me demandais pourquoi l'école tentait d'imposer aux élèves une “vie normale” dans une “situation anormale”.

Expérience vécue par deux femmes ayant fui à Hokkaido

 

En mai s'est déroulée la Journée sportive dans un gymnase toujours pas dépollué. J'ai demandé au directeur pourquoi l'école organisait néanmoins cette journée et il m'a répondu : “Si nous n'approuvions pas la norme de 20 millisieverts par an décrétée par le pouvoir* et s'il fallait que le gymnase ait une pollution inférieure à un millisievert par an comme avant l'accident, la Journée Sportive de demain ne pourrait  avoir lieu.” Après avoir entendu cette réponse, j'étais plus effondrée que furieuse. L'école attachait plus de prix aux règlements qu'à la vie des enfants. C'est alors que j'ai décidé de partir.

 

   *À cette époque, le ministère de l'éducation et de la science avait défini une norme de 20 millisieverts par an pour les écoles, bien que jusqu'alors – et même jusqu'à présent – la norme fût et soit encore d'un millisievert par an. L'un des membres du comité, mis en colère par cette décision, donna sa démission.

 

Cet accident nucléaire s'est vraiment produit. De ces réacteurs explosés s'est envolée une énorme quantité de matières radioactives qui se sont répandues non seulement dans le département de Fukushima, mais encore dans tout le territoire du Japon, polluant le sol et l'air. Inodores, invisibles, ces particules radioactives ont eu aussi une influence considérable sur le cœur des hommes. Les réfugiés ont été critiqués comme étant des traîtres, et les gens restés dans Fukushima le sont souvent comme étant peu soucieux de la santé de leurs enfants. Des amis, des membres d'une même famille sont entrés en désaccord et se sont séparés. Aussi bien les réfugiés que ceux qui sont restés sur place ont beaucoup perdu et souffrent toujours d'un manque dans leur cœur.

 

Aller de l'avant ne signifie pas simplement oublier le passé. Lorsque nous pouvons savoir ce qui a eu lieu, et que nous pouvons voir ce qui aura lieu, alors nous pouvons avancer. Je veux savoir la vérité.

 

Pourquoi nos droits humains sont-ils négligés ? Pourquoi n'apprécie-t-on pas notre volonté de protéger de faibles enfants ? Pourquoi aucun responsable du pouvoir ou de TEPCO n'est-il inculpé, quoique l'accident soit le fait d'hommes ? Nous-mêmes, gens ordinaires, ne sommes-nous pas coupables par ignorance et par manque d'intérêt ?

 

Je veux que, grâce à ce procès, nous puissions clarifier les responsabiltés dans l'accident, réacquérir nos droits humains et notre dignité pour vivre heureux et sainement.

 

Pour finir, écoutez ce que disait ma fille, alors âgée de quatorze ans : “Ce sera bien si un jour je peux rire, en ayant la preuve que notre départ n'était pas nécessaire, mais si un jour nous avions la preuve qu'il l'était, jamais plus je ne pourrais rire”. Imaginez ce qu'elle avait en tête en prononçant ces mots et ne l'oubliez jamais."

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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 15:34
Visite de la région côtière de Fukushima

Texte de HORI Yasuo rédigé le 26 mai 2015

traduit de l'espéranto par Ginette MARTIN avec l’aide de Paul SIGNORET

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Sommaire

  • Région côtière du département de Fukushima
  • Nous avons roulé le long de la voie Jōban
  • Nous avons visité les réfugiés dans la ville de Minami-Sooma
  • Nous avons visité la ville de Namie
  • Qu'est-il arrivé?

Région côtière du département de Fukushima

 

Le 26 mai, l' "Association de la ville de Maebashi pour le démantèlement de toutes les centrales nucléaires du Japon" organisait une excursion en bus dans la région côtière du département de Fukushima, où sont les centrales nucléaires n°1 et n°2.  Quarante-deux personnes y  participaient, de sorte que le bus était presque plein.

 

Mon département de Gunma est voisin de celui de Fukushima, si bien que, lorsque l'accident nucléaire s'est produit, des nuages contenant des substances radioactives ont flotté jusqu'ici, de sorte la terre n'est pas très fortement contaminée, mais l'est tout de même. Dans le bus, deux personnes ont mentionné la souffrance due à l'accident nucléaire dans mon département :

A: Je suis  agriculteur. Parfois, mes légumes sont plus contaminés que la norme, alors je les jette.
B: Dans la petite ville de Komochi, où l'on produit du thé, depuis l'accident les feuilles de thé sont contaminées. Les agriculteurs ont perdu espoir, et certains ont déjà cessé de travailler. 

La département évite de  publier des rapports concernant la pollution due à l'accident, aussi les habitants, ignorant la gravité de la situation, vivent-ils heureux, mais en réalité leur santé décline même  un peu chaque jour.

 

Nous avons roulé le long de la voie Jōban


   Traversant le département de Tochigi, notre bus est entré dans le département de Fukushima. Entre les villes  de Tomioka et Namie, la route a été longtemps fermée en raison de l'accident nucléaire, mais le 1er mars elle était ouverte, cependant les villes traversées par la route appartiennent au district inhabitable fortement contaminé. Dans le parking de Junotake, le taux de pollution est indiqué en neuf points de cette partie de la chaussée :

Minami-Sōma – Namie  1,3,  0,4,  0,2(microsieverts)

Namie – Tomioka     3,0,  5,6,  1,0

Tomioka – Hirono   0,2,  0,7,  2,3

La norme maximale que le gouvernement a décidée est de 0,23 microsieverts, donc la radioactivité dans 6 des 9 sites a dépassé la norme.

 

   Le bus est entré dans la ville de Tomioka. Les chiffres ont encore augmenté, même dans le bus: 0,22, 0,34, 0,45, 0,52.
    Dans la ville de Futaba, les chiffres ont augmenté encore: 0,45, 0,60, 0,80, 1,15 (le plus élevé)

Pendant ce temps, des deux côtés de la route, défilaient des champs  couverts de mauvaises herbes, des maisons désertées, et d'énormes quantités de terre contaminée dans des sacs de plastique. La surface des terrains désertés est la moitié de celle de la métropole de Tokyo. Alors que de nombreuses générations n'ont cessé de cultiver les champs à la sueur de leur front et produit du riz et des légumes délicieux, et que, si l'accident nucléaire n'était pas arrivé, les champs donneraient, maintenant et à l'avenir, pour eux et pour nous, les fruits bénis de la terre, l'accident leur a fait perdre presque à jamais ces héritages.  

    Récemment, le ministère de l'économie et de l'industrie a commencé à nouveau à plaider pour le faible coût de l'électricité nucléaire. Comment ont-ils calculé le coût? Comment ont-ils calculé le coût de la terre inhabitable et des champs incultivables, les pertes de vie, culture, tranquillité, espoir et avenir? Ces pertes sont incalculables. Les bureaucrates et les politiciens qui plaident sans honte pour elle sont trop arrogants, ils n'ont pas de cœur.   

    Notre guide M. Itō nous a expliqué, en montrant du doigt les champs, que celui-ci était un beau champ, que cet autre aussi était  beau, mais sur ces domaines les saules ont déjà commencé à pousser. Ces gens arrogants ne peuvent pas ressentir la tristesse et le désespoir des agriculteurs. M. Itō a déclaré: "Le gouvernement actuel n'hésite pas à sacrifier Okinawa, l'obligeant à accepter une base militaire US sur son sol, pour remplir une promesse faite aux États-Unis, et il n'a aucune hésitation non plus à sacrifier le département de Fukushima pour continuer sa politique d'énergie nucléaire".

Tas de terre polluée couverts de bâches de plastique. Les champs blancs sont déjà dépollués.

Tas de terre polluée couverts de bâches de plastique. Les champs blancs sont déjà dépollués.

Nous avons visité les réfugiés dans la ville de Minami-Sooma

 

Nous attendaient six réfugiés (deux hommes et quatre femmes) dans la salle de rencontre des maisons provisoires dans le district de Ushikoshi.  Tous étaient des gens âgés. M. Satō, le responsable, a expliqué la situation:

Dans ce district il y a 379 maisons provisoires, dans lesquelles vivent 800 personnes. Je viens du village de Takanokura et habite dans la ville de Minami-Sōma. Au début, j'ai pris refuge dans la ville de Kitakata, mais je suis retourné à la maison en juin 2011, donc à ce moment-là, j'ai certainement été beaucoup exposé à la radioactivité. Je suis arrivé ici en avril 2012. Une personne isolée recevait une petite chambre, une famille avec deux personnes, deux chambres, et une famille plus nombreuse, trois chambres.

De chaque côté logent 10 familles.

De chaque côté logent 10 familles.

  Dans ma maison de Takanokura, l'intensité de la radioactivité est de 2,2 microsieverts, de sorte qu'il est trop dangereux d'y vivre, mais le gouvernement a décidé que mon district est un "lieu habitable" et il a cessé de nous donner les indemnités compensatoires, alors je subsiste avec ma pension et l'argent économisé. Dans mon district logeaient auparavant 85 familles, mais maintenant il n'y en a plus que trois."

 

 Un homme à côté de lui a déclaré :
   " Je suis un éleveur de bovins âgé de 35 ans. Quand je suis revenu à la maison après l'accident nucléaire, toutes les vaches étaient des squelettes. En quelque sorte, je vis ici, mais la chose la plus difficile est que je n'ai rien à faire. N'utilisant jamais mon cerveau, je ne fais que manger, dormir et regarder la télé sans but. Auparavant, je travaillais à temps partiel dans les centrales nucléaires. On nous a  fait croire que les centrales nucléaires étaient absolument sûres, mais je savais que rien d'absolu n'existe. 

J'ai visité personnellement un homme dans la maison voisine. Il a expliqué sa vie:
   " Quand j'étais jeune, je m'étais engagé dans dans l'armée japonaise, et je m'étais porté candidat kamikaze, mais avant que je ne vole, la guerre était terminée. Ensuite, je suis revenu ici et ai commencé l'élevage de bovins. Après l'accident nucléaire, je suis rentré à la maison et ai constaté que toutes les 30 vaches étaient devenues des squelettes. C'étaient peut-être les sangliers qui les avaient mangées."

 

 Il a frôlé la mort pendant la Seconde Guerre mondiale, et maintenant il souffre de la politique énergétique injuste. Il a des raisons suffisantes pour être en colère contre le gouvernement et TEPCO, mais il m'a semblé qu'il n'était pas mécontent de sa vie actuelle. Il a même dit : "La vie ici est agréable."

 Ces six hommes non plus n'exprimaient jamais de colère ni de haine envers le gouvernement et TEPCO. Il semblait qu'ils acceptaient leur vie actuelle comme   étant leur destin naturel mais quand je suis sorti de la réunion et que j'ai trouvé l'annonce suivante, j'ai eu honte de ma compréhension superficielle.

 

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Psychiatre Sōma Hiroshi
Ne soyez pas affligé !
Venez à moi, vous qui
avez une colère inexprimable,
un courroux contre TEPCO,
qui désespérez de votre avenir,
ne savez plus comment survivre,
  ne pouvez plus entrevoir votre avenir,
êtes rompus de chagrin.

 

 Déjà quatre années ont passé, mais rien n'a été résolu, au contraire tout s'est aggravé. Dans ce contexte, ils  agissent et parlent comme s'ils n'avaient pas de problèmes, mais au fond de leur cœur on trouve la tristesse et le désespoir. Ils sont si fragiles qu'ils n'ont d'autre choix que de rester assis, silencieux et désespérés . Le gouvernement et TEPCO, profitant de leur faiblesse, les négligent et ne veulent plus s'en soucier, prétextant l'intervalle de quatre ans et visant à économiser l'argent des indemnités.

 

Nous avons visité la ville de Namie


    La situation actuelle de la ville est la suivante :

1. Le nombre d'habitants avant l'accident était 21 000, mais maintenant il est de

    19 000.

2. 70% de la population s'est réfugiée dans le département  de Fukushima lui-même, et 30% dans d'autres départements. 3700 personnes vivent dans des maisons provisoires dans 30 endroits du département de Fukushima.

3. La ville organise des "communautés de citoyens déplacés" dans les villes de Minami-Sōma, Nihonatsu et Iwaki, construisant des "appartements de restauration". Elle a installé ici et là des "aides à la restauration" en 10 endroits  dans d'autres départements.

4. L'administration principale de la ville est maintenant dans la ville de Nihonmatsu, mais quarante personnes travaillent aussi dans le bureau de Namie.

Selon le plan municipal pour la restauration, la ville construira une base sur le site qui va bientôt devenir  "habitable", et élargira cet endroit, arrangeant diverses fonctions pour les habitants. Et il est prévu que, lorsque  la ville entière sera habitable en 2017, le nombre d'habitants sera de 5000 (2500 familles"), mais selon une enquête auprès des habitants  (en août 2014) :

Je désire revenir à la ville assez vite: 17,6%

Je n'ai pas encore décidé : 24,6 %

J'ai décidé de ne pas revenir : 48,4 %

Certes, ceux qui veulent revenir sont des personnes âgées,  donc la disparition de la ville est prévisible dans un court laps de temps.

Voici le paysage devant la gare de Namie : le dosimètre devant la gare montre 0,628. Sur mon dosimètre le chiffre était de 1,23 microsieverts. Dans ce lieu fortement radioactif personne ne peut résider.

Voici le paysage devant la gare de Namie : le dosimètre devant la gare montre 0,628. Sur mon dosimètre le chiffre était de 1,23 microsieverts. Dans ce lieu fortement radioactif personne ne peut résider.

Des liasses de journaux chez un marchand de journaux. En première page dansent les mots "Explosion des réacteurs," Les journaux sont venus, mais les habitants ont fui.

Des liasses de journaux chez un marchand de journaux. En première page dansent les mots "Explosion des réacteurs," Les journaux sont venus, mais les habitants ont fui.

Stationnement pour vélos. Sur le panneau est écrit "Aidez tous les enfants avec le même amour que les vôtres." Les vélos sont restés ici depuis ce jour-là.

Stationnement pour vélos. Sur le panneau est écrit "Aidez tous les enfants avec le même amour que les vôtres." Les vélos sont restés ici depuis ce jour-là.

Nous sommes allés au district d'Ukedo, qui a été détruit par le tsunami. Quand je suis arrivé ici il y a un an, sur les champs nageaient des bateaux, mais maintenant ils ont disparu.

L'école primaire d'Ukedo était dans le même état. Nous avons pu voir des salles détruites et un grand salon au plancher pourri. Sur la photo ci-dessous, le bâtiment de l'école était dans le brouillard. Des grenouilles de pierre nous regardaient on ne sait pourquoi.

Visite de la région côtière de Fukushima

En bus, nous avons traversé la ville de Futaba. Il y avait là un panneau célèbre sur lequel était écrit " L'énergie atomique est l'énergie pour un avenir lumineux." La ville veut l'enlever, en faisant valoir qu'il serait devenu vieux et dangereux, mais la raison est certainement tout autre. Peut-être le gouvernement et TEPCO obligent-ils la ville à l'enlever, parce que ce panneau montre clairement que l'énergie nucléaire est une énergie pour un avenir sombre.

Ce slogan, contribution de M.Ōnuma Yūji, 39 ans, résidant dans le département d'Ibaraki, à cette époque-là  étudiant dans la ville, a été installé en mars 1988. Celui-ci a visité la ville en mars et a proposé que le slogan soit conservé en tant que patrimoine négatif, car il montre clairement la bêtise humaine.

Ici mon dosimètre a indiqué 2,57 microsieverts dans le bus, alors bien sûr au dehors l'intensité était le double, pourtant dans cet endroit se trouvaient des gardiens dans les rues.

Ici mon dosimètre a indiqué 2,57 microsieverts dans le bus, alors bien sûr au dehors l'intensité était le double, pourtant dans cet endroit se trouvaient des gardiens dans les rues.

Pour finir, je vais traduire un poème de M. Itō, notre guide ce jour-là.

 

Qu'est-il arrivé ?

 

On trouve des maisons

et des champs,

on trouve de douces

montagnes et la mer.

 

Chaque jour se présentent

le matin et la nuit.

Il vente

et parfois il pleut.

 

Mais personne n'habite là,

on trouve des villages bien-aimés

où les hommes ont disparu,

ils ne peuvent y habiter.

 

Une telle chose s'est produite

Le long du Hamadōri, la côte de Fukushima

Comme le nom de cet endroit sonne joliment !  

L'Abumaka-kōchi

se trouve, lui aussi, entre les monts

 

les vents sentaient bon,

les pluies avaient de belles couleurs,

le soleil matinal avait de la force,

le soleil du soir avait de la tendresse.

 

Au début du 21ème siècle

dans cet endroit du Fukushima

 le parfum des vents a disparu.

Ont disparu les couleurs de la pluie, du soleil matinal et vespéral, ils ne restent que dans nos souvenirs

Hélas, qu'est-il arrivé?

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26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 21:17

En avril l’année dernière, Michelle Pini a interviewé le Docteur Helen Caldicott sur la catastrophe de Fukushima. Étant donné qu’IA fut le premier media à couvrir en Australie la fusion des cœurs, à douze reprises, au plus près du déroulement de la catastrophe, nous avons tout lieu de croire que nos lecteurs apprécieront pleinement la pertinence de cet entretien.

 

            « En Australie nous n’avons pas d’énergie nucléaire, nous nous contentons d’exporter la radioactivité pour le bonheur et au bénéfice du reste du monde - c’est immoral. »

                                                           Dr Helen Caldicott

 

 

 

Le Docteur Helen Caldicott ne peut laisser personne indifférent. Sa maîtrise parfaite du sujet et sa ferveur semblent sans limites. Elle joint souvent le geste à la parole, vous regarde droit dans les yeux et a dans la voix des accents qui imposent le sens de l’urgence.

Physicienne australienne et militante antinucléaire réputée dans le monde entier, ainsi qu’éducatrice, elle s’est rendue disponible pour cette interview tout juste de retour d’une campagne de conférences au Japon et au Danemark. Les effets du décalage horaire ne semblent même pas l’’atteindre.

Caldicott me dit avec emphase :

 

            « Fukushima est plus démesuré et beaucoup plus grave que Tchernobyl dans la mesure où l’on achète des produits alimentaires importés du Japon, on consomme du poisson probablement contaminé et l’on n’a aucune assurance que le nuage radioactif qui a survolé le ciel du Japon dès le début de la catastrophe ne va pas se retrouver ici. »

 

Nous discutons des événements qui se sont déroulés en 2011 à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, que l’UNSCEAR (Comité Scientifique des Nations Unies sur les Effets de la Radiation Atomique) décrit comme «l’accident nucléaire le plus considérable depuis…Tchernobyl. » (Cf.  The Fukushima-Daiichi  nuclear power plant accident, 2014. )

 

 

 

Le déroulement de l'accident de Fukushima Daiichi (IRSN)

 

A l’âge de 16 ans, Caldicott a lu « On the beach », un roman dont l’action située à Melbourne est une guerre nucléaire qui finit par éteindre toute vie sur terre.

 

            « Avec ce livre j’ai un peu perdu mon innocence et ne me suis plus jamais sentie en                  sécurité »

 

Puis Caldicott a fait médecine en étudiant les effets de la radioactivité, les mutations et les cancers. Elle raconte en détail les événements qui alimentent son obsession de longue date (Caldicott milite contre l’extraction d’uranium et l’énergie nucléaire depuis 43 ans).

 

            « Au même moment, la Russie et l’Amérique ont testé leurs bombes comme s’il n’y avait plus d’avenir — une pure folie. On ignore la provenance des productions agricoles, et comme la radioactivité ne peut être perçue ni du regard, ni au goût ou à l’odeur, personne ne devrait consommer la soupe de Miso, le riz ni tout autre produit importé du Japon. Les oiseaux migrateurs ou encore les poissons véhiculent les éléments radioactifs — peut-être jusqu’en Australie. Mais on ne teste pas nos importations ni le poisson. »

 

Elle m’explique que des poissons comme le thon remontent les courants sur des milliers de kilomètres, il faudrait donc s’intéresser à l’accumulation de radioéléments dans le vivant en prévision du moment où l’être humain en sera atteint, parce qu’il se trouve au sommet de la chaîne alimentaire.

Caldicott estime également que les voitures de seconde main importées du Japon ont sans doute des filtres à air contaminés dès le début de la catastrophe.

 

 

Le Docteur Stephen Salomon, le scientifique en Chef de la Radioactivité et la Santé à lARPANSA (Agence Australienne de Protection contre la Radioactivité et de la Sûreté Nucléaire) a confirmé que les contrôles sanitaires des produits alimentaires importés du Japon ont cessé après janvier 2014. Il précise que le Département de l’Agriculture « a mis en place un programme de contrôle d’isotopes radioactifs dans tout produit alimentaire importé du Japon…plus de 1000 échantillons ont subi ce contrôle…or, aucun des échantillons n’excédait les limites de dose du standard international. »

 

Salomon ajoute qu’un projet de recherche conduit par l’ARPANSA a analysé des échantillonnages de produits de la mer en provenance des pêcheries du Queensland au nord du territoire ainsi que de l’ouest de l’Australie, mais n’a détecté absolument aucun effet de l’accident de la centrale nucléaire Daiichi. Il ajoute :

 

            « L’ARPANSA va renouveler cette étude en 2016, c’est-à-dire à la date où l’on s’attend potentiellement, dans les eaux australiennes, à un pic de césium radioactif provenant de l’accident au Japon. »

Contrôle de radioactivité suite à l’interdiction, en Corée du sud, de l’importation de poisson du Ja-pon.

Contrôle de radioactivité suite à l’interdiction, en Corée du sud, de l’importation de poisson du Ja-pon.

L’estimation d’un pic de radioactivité à cinq ans provient d’une modélisation de la propagation des radionucléides de Fukushima dans l’atmosphère et l’océan.

(Provinec et al, Dispersion of Fukushima radionuclides in the global atmosphere and the ocean. Applied Radiation and Isotopes”, 2013.)

 

 

Par ailleurs, les moteurs neufs ou usagés importés du Japon ont fait l’objet de contrôles aléatoires, mais selon Salomon

 

« on n’a trouvé aucun véhicule contaminé. De rares substances radioactives ont pu être détectées à titre épisodique et à des niveaux très faibles dans un prélèvement atmosphérique à Darwin.

Mais, dit-il, aujourd’hui c’est fini. »

 

Le Docteur Caldicott ne se satisfait pas de ces conclusions. Elle commente :

 

            « On a coutume de dire que les niveaux [d’isotopes radioactifs] sont insignifiants, mais il suffit d’un seul coup sur un gène régulateur, dans une seule cellule, pour attraper le cancer — un jeu de hasard comme à la Roulette russe. »

 

Sur le sujet de la culpabilité de l’Australie, Caldicott est intransigeante :

 

« N’oublions pas que l’uranium de Fukushima était notre uranium — nous n’avons pas le droit d’ignorer la situation. Nous avons l’obligation morale de prendre nos responsabilités vis-à-vis de cet accident. »

 

Caldicott ajoute :

 

« En Australie, nous n’avons pas d’énergie nucléaire, nous nous contentons d’exporter la radioactivité pour le bonheur et au bénéfice du reste du monde — c’est immoral. »

 

 

La Fondation pour la Préservation de l’Australie fait écho à ce point de vue, en soulignant que les réacteurs dévastés furent alimentés par notre uranium :

            Cette crise a des implications profondes en Australie parce que la catastrophe de Fukushima a commencé chez elle, à l’arrière d’un gros camion jaune…les pierres excavées dans la région nord de l’Australie du Sud et au Kakadu sont à l’origine des retombées radioactives que le vent a dispersées sur le Japon et au-delà, responsabilité originelle également pour l’eau polluée qui verse sans fin dans le Pacifique.(Sweeney, D, Fukushima: three years on and still no action, 2014.)

Manifestation à Muckaty Station devant le bureau de l’ex-ministre des ressources fédérales, Martin Ferguson, avant le retrait de ses projets.

Manifestation à Muckaty Station devant le bureau de l’ex-ministre des ressources fédérales, Martin Ferguson, avant le retrait de ses projets.

Daniel Zavattiero est Directeur exécutif pour lUranium à lAssociation de lUranium en Australie, le groupe d’influence de l’industrie. Indiquant une photo de fûts d’entreposage de déchets provenant d’une centrale nucléaire américaine, il a tenu ces propos non sans conviction :

 

            « J’aime vraiment beaucoup cette photo. Dans ces quelques conteneurs impénétrables il y a 28 années de déchets. C’est splendide. Vous pouvez toujours essayer de rouler dessus avec un semi-remorque, ils sont pratiquement indestructibles. N’est-ce pas formidable ? »

 

Son intonation déborde tellement d’excitation qu’on a peine à concevoir qu’il est question d’isotopes radioactifs. De l’avis de Zavattiero, l’Australie devrait supprimer l’interdiction actuelle visant le développement du nucléaire, pour « permettre à la technologie d’affronter la concurrence avec ses propres atouts ».

 

Il oriente habilement la discussion sur le terrain de ce qui lui paraît être les atouts de l’énergie nucléaire en répétant des phrases comme « zéro émissions », « facilement disponible » ou « moteur de croissance et de prospérité économique dans le monde entier ».

 

Bien qu’il convienne que Fukushima (de même que Tchernobyl auparavant) a eu des répercussions défavorables sur le débat autour du nucléaire en Australie, c’est le seul secteur où il observe des ramifications concernant l’Australie.

Il me cite un passage du rapport de l’UNSCEAR sur les effets de la catastrophe de Fukushima, qui stipule ceci :

 

            ‘Aucun lien n’a pu être établi, parmi les travailleurs ou l’ensemble des individus exposés à la radioactivité post-accidentelle, entre les maladies aiguës ou les décès et la radioactivité.

 

Zavatterio dit,

 

            « non qu’il faille minimiser son impact sur la population japonaise ; nous en sommes préoccupés, c’est d’ordre émotionnel. Mais les problèmes à Fukushima ont été causés par un tsunami qui a entraîné une perte de puissance des réacteurs — les réacteurs eux-mêmes n’en sont pas la cause. »

 

Zavatterio a anticipé la plupart des questions de notre entrevue et de son propre chef il précise  souvent ses réponses :

 

            « Pourquoi devrions-nous nous sentir redevables d’une dette morale vis-à-vis du Japon, sous prétexte que c’est notre uranium qui se trouvait dans la centrale nucléaire ? Il s’est agi d’un accident industriel, pas d’un acte terroriste. La question se pose-t-elle en ces termes pour tout autre accident industriel dans le monde ? »

 

Sur la question de l’exportation d’uranium, il est à l’aise :

 

            « Nous ne vendons qu’aux pays qui en font une utilisation pacifique — c’est une clause obligatoire » répond-il, et il ajoute « Il y a de la radioactivité partout. Toutes les technologies font face aux pro et aux anti ; les aspects singuliers de l’industrie nucléaire sont gérables. »

 

AFFICHE de contre-propagande intitulée : « L’Inde détient le record absolu de la non-prolifération » Tony Abbott, premier ministre de l’Australie  	Absolument. Sauf qu’elle développe ses propres armes nucléaires et fait des essais. 	 	Sur ce point, l’Iran détient un record encore plus imbattable.  	L’ambiguité australienne : saper le TNP [Traité de Non-Prolifération des armes  	nucléaires] en acceptant d’approvisionner en uranium les proliférateurs nucléaires 	en dehors du traité… 					…mais engagée pour un monde sans armes nucléaires.  		SI NOUS SOMMES CONFUS ?   ASSUREMENT ON L’EST !  - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -  WILDFIRE : Le premier ministre australien Tony Abbott signe un contrat pour saper le TNP par l’exportation d’uranium en Inde. Encore plus profond dans l’ambiguité !

AFFICHE de contre-propagande intitulée : « L’Inde détient le record absolu de la non-prolifération » Tony Abbott, premier ministre de l’Australie Absolument. Sauf qu’elle développe ses propres armes nucléaires et fait des essais. Sur ce point, l’Iran détient un record encore plus imbattable. L’ambiguité australienne : saper le TNP [Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires] en acceptant d’approvisionner en uranium les proliférateurs nucléaires en dehors du traité… …mais engagée pour un monde sans armes nucléaires. SI NOUS SOMMES CONFUS ? ASSUREMENT ON L’EST ! - - - - - - - - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - WILDFIRE : Le premier ministre australien Tony Abbott signe un contrat pour saper le TNP par l’exportation d’uranium en Inde. Encore plus profond dans l’ambiguité !

En ce qui concerne le combustible usé, Zavatterio dit ceci :

 

            « Ce n’est pas si préoccupant. D’ailleurs l’Australie a la chance d’avoir une position centrale pour affronter ce défi. »

 

 

 

Suite à notre entrevue, j’ai relu le rapport de l’UNSCEAR. Il donnait encore les précisions suivantes :

 

            « On peut conclure à une augmentation du risque de cancer de la thyroïde, en particulier

chez les nourrissons et les enfants ». (UNSCEAR, Rapport du Comité Scientifique des Nations-Unies sur les Effets de la Radioactivité Atomique, 2013).

 

Sur ce point, Caldicott est furieuse :

 

            « La désinformation à ce sujet est incommensurable. La radioactivité est un tueur invisible        — C’est la carte gagnante qui fait le jeu de l’industrie nucléaire. On n’attrape pas un cancer           du jour au lendemain, cela prend des années…et il sera impossible de prouver la cause de ce cancer. »

 

Elle ajoute :

 

            « La période de latence pour une leucémie est de 5 à 10 ans, et de 15 à 80 ans pour les cancers solides. »

 

Il est donc prématuré et fallacieux, dit-elle, de conclure qu’aucun décès ne puisse être rattaché à l’accident de Fukushima.

 

 

Le docteur Peter Karamoskos est radiologiste nucléaire et représente les populations au comité de la santé liée à la radioactivité de l’ARPANSA. Il s’exprime avec douceur, de façon calme et posée.

Karamoskos compare le comité à un conseil d’administration qui se réunirait pour débattre des dernières avancées scientifiques sur les normes réglementaires ; il explique :

 

            « Ma mission en tant qu’avocat du public a été expressément créée à cette fin par l’ARPANS Act. Je puis m’exprimer librement si bien que mes points de vue n’ont pas besoin de refléter la position de l’ARPANSA. »

 

Il confirme que Fukushima est « extrêmement contaminée », la flore, la faune, les sols ainsi que les sédiments marins sont affectés et il en sera ainsi pendant « des dizaines de générations ». Karamoskos dit ceci :

            « Il était bien entendu indispensable d’évacuer, et même si la contamination s’arrêtait demain, la région demeurerait contaminée pour les 200 prochaines années. »

 

Il s’est rendu à Fukushima après la catastrophe et il en est vraiment revenu profondément bouleversé :

 

            « Même si vous nettoyez une parcelle pour permettre aux gens d’y vivre, ils se trouveront cernés de terrains contaminés. Ils ont vécu là depuis des générations, or ils ont perdu leur identité. Leur vie actuelle c’est de la survie — les communautés ne pourront pas renaître. »

 

Selon lui, les préfectures locales se considèrent elles-mêmes comme des victimes et n’ont aucune confiance dans le gouvernement.

 

            « Les niveaux de contamination sont au cœur des préoccupations des Japonais ; ils pensent à ‘la dose’ à chaque moment de la journée. »

 

Karamoskos confirme :

 

            « Les substances radioactives continuent à être déversées dans l’océan à Fukushima et on ne m’a pas rapporté une quelconque solution pour arrêter ça. »

 

Toutefois, il estime que la pollution des eaux de surface « ne devrait pas être surestimée » puisque l’eau de mer dilue les isotopes de sorte qu’on n’y trouve plus loin que des traces de [radio]éléments. Il dit :

 

            « Il y aurait des saignements en équateur mais à un niveau non-significatif. »

Agricultrice bio, Tatsuku Ogawara vit à 40 km de Fukushima. Elle n’est pas assurée de pouvoir poursuivre son activité car il est probable que les sols soient contaminés.

Agricultrice bio, Tatsuku Ogawara vit à 40 km de Fukushima. Elle n’est pas assurée de pouvoir poursuivre son activité car il est probable que les sols soient contaminés.

L’avocat public de l’ARPANSA admet l’effet catastrophique du désastre de Daiichi, mais observe qu’il ne présente pas de risque direct pour les Australiens. Il concède néanmoins qu’étant donné que « les mesures sont locales et relatives à l’état de santé de l’individu testé », on ne peut pas avoir l’assurance absolue que des productions alimentaires ne passent pas entre les mailles du filet ».

Karamoskos reconnaît aussi que l’étiquetage des produits importés, en particulier ceux qui transitent par des pays à la réglementation moins stricte, est source d’inquiétudes légitimes et qu’on n’a en définitive aucune garantie sanitaire.

 

Caldicott pointe des conflits d’intérêts à tous les niveaux de responsabilité de cette réglementation.

 

            « Le gouvernement du Japon s’applique avec acharnement à maîtriser la situation mais sans y parvenir. Le peuple japonais lui-même ne croit plus le gouvernement. »

 

Sur la question de l’extraction d’uranium et des obligations morales de l’Australie au regard de son exportation, Karamoskos fait écho aux points de vue de Caldicott :

 

            « L’exportation d’uranium est un vrai problème parce que nous n’avons aucune assurance qu’il ne servira pas à fabriquer des armes. La Chine ou l’Inde vont-elles nous permettre d’inspecter leurs réacteurs ? et il y a également le problème de l’élimination des déchets — l’entreposage n’est pas une solution.

            Fukushima est l’illustration qu’une mauvaise réglementation et des partenariats industriels confortables, dans un pays technologiquement avancé, peuvent déboucher du jour au lendemain sur une situation désastreuse. »

 

Caldicott s’est engagée dans le projet d’instruire les Australiens (et le monde) sur Fukushima et ses implications :

 

            « Ce sujet a été presque totalement ignoré par les médias en Australie, or il est nécessaire de le porter sur la place publique. Nous parlons en effet d’un problème qui a, globalement parlant,  de profondes ramifications. »

 

En outre elle est convaincue que la catastrophe de Fukushima n’est pas terminée :

 

            « C’est une bombe atomique à retardement car un certain nombre de bâtiments pourraient s’effondrer en cas de nouveau séisme. De plus on est en train de construire dans la ville de Fukushima un important hôpital en cancérologie — cela parle de soi. »

 

Cependant, le Docteur Helen Caldicott envisage l’avenir avec un certain optimisme :

 

            « Le premier pas vers une grande mutation c’est une énorme prise de conscience, vous connaissez le mot de Jefferson ‘une démocratie éclairée se comportera de façon responsable’ — il est de notre devoir de les bombarder d’information. »

 

 

 

Les révélations actuelles sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima vont dans le sens des craintes du Docteur Caldicott. Ce matin les news du site Global Research révèlent que Michio Ayoama de l’Université de Fukushima a informé Kyodo que la Côte Ouest de l’Amérique du Nord sera atteinte d’ici 2016 par 80 % des dépôts de césium qui ont déjà touché le Japon.

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17 juin 2015 3 17 /06 /juin /2015 21:14

Alors que Fukushima est un désastre écologique permanent (3 cœurs nucléaires fondus polluant 300 m3 d’eau se déversant chaque jour dans le Pacifique, 3 réacteurs inapprochables contaminant l’atmosphère en continu car ayant perdu leurs barrières de confinement, une décontamination des sols à refaire en permanence à cause du déplacement des radionucléides par la pluie, le vent, la poussière, …), le désastre est aussi politique avec un gouvernement qui a choisi de sacrifier sa population sur l’autel du sport. Pour assurer la réussite des JO en 2020, il lui est nécessaire de démontrer que tout va bien, c'est-à-dire de montrer que la population est revenue vivre dans des territoires décontaminés. On fait COMME SI tout était réglé alors que le scénario du pire, tant craint en 2011, est toujours en train de se produire : 3 coriums sont sortis des cuves des réacteurs et personne ne sait où ils sont aujourd’hui. Rien n’est réglé, mais le monde entier devra CROIRE que tout va mieux.

Déjà 127 cas de cancers de la thyroïde ont été diagnostiqués chez les enfants de Fukushima. Mais comme pour la centrale, on fait COMME SI. On annonce que ces maladies sont sans rapport avec la radioactivité. Pourtant, les cancers de la thyroïde, c’est l’arbre qui cache la forêt car bien d'autres pathologies, plus difficiles à mettre en évidence, sont sans doute en train d'apparaitre chez les enfants de Fukushima (pathologies cardiaques, cataractes, déficits immunitaires, leucémies, etc). Les JO seront terminés quand toutes ces pathologies seront dévoilées. Les sportifs qui oseront aller à Tokyo devront CROIRE que la radioactivité est inoffensive.

C’est pourquoi je relaie aujourd’hui une pétition créée par les Amis de la Terre – Japon afin que le gouvernement revienne sur sa décision de faire revenir les personnes évacuées dans des territoires contaminés. Merci à Yuko HIROTA pour la traduction en français de cette pétition.

PF

Ne cessez pas le soutien au logement pour les personnes évacuées de Fukushima !

Pétition en français / Pétition en anglais / Pétition en japonais / Pétition en allemand

 

Pétition urgente 

 

A Monsieur le préfet de Fukushima, UTIBORI Masao et
A Monsieur le Premier Ministre, ABE Shinzo

 

Ne cessez pas le soutien au logement pour les personnes évacuées de Fukushima.

 

Ils sont des parents des enfants, ce soutien au logement est leur cordon de survie.

 

"Fin des logements gratuits pour les déplacés « volontaires » en 2017
Selon l’Asahi Shinbun Digital, les autorités de la province de Fukushima souhaitent que ce soutien cesse fin mars 2017. Elles comptent ainsi pousser les personnes concernées à rentrer. Sur les 115 000 personnes de Fukushima qui bénéficient d’un logement mis à disposition, 36 000 sont originaires de zones où il n’y a pas eu d’ordre d’évacuer. Il s’agit souvent de familles avec enfants. Une consultation des communes concernées va débuter à ce sujet." (source)


Ne cessez pas le soutien au logement gratuit. C'est vital pour leur vie. Les réfugiés ne souhaitent pas retourner à leurs maisons qui sont fortement contaminées par la radioactivité, qui nuira à la santé surtout des enfants. Ils ne peuvent pas rentrer dans leurs maison même si c'est la maison natale dans la zone contaminée. Aujourd'hui, il y a 103 enfants qui ont le cancer de la thyroïde. 

 

«Depuis 2014, les personnes âgées de plus de 40 ans sont rentrées dans la zone contaminée où il y a la radioactivité de moins de 20 mSv/an. Mais comme on sait aujourd'hui, la radioactivité casse l'ADN, alors il y a beaucoup plus de danger pour des enfants en cours de développement de cellules.  C'est tout à fait légitime d'avoir peur de rentrer pour des parents. Les taux de radioactivités, autorisés normalement dans le monde entier, sont moins de 1 mSv/an... » (notes de traducteur) 

"Selon l’Asahi, le ministère de l’économie se préparerait à demander  de cesser toutes les indemnisations aux particuliers à la fin mars 2018. Il suppose, pour cela, que les travaux de décontamination seront terminés un an auparavant et que les ordres d’évacuer levés.

 

Reprenons la situation des réfugiés : les territoires évacués ont été divisés en trois zones en fonction du niveau de contamination. Là où l’exposition externe de la radioactivité est inférieure à 20 mSv/an est la zone de préparation au retour avec 31 800 habitants. Les travaux de décontamination terminés et les infrastructures et services rétablis, l’ordre d’évacuer est ou sera levé.

 

Là où l’exposition externe de la radioactivité est comprise entre 20 et 50 mSv/an, est la zone de non-résidence, avec 23 000 personnes. Des travaux de décontamination doivent faire passer l’exposition externe sous la barre des 20 mSv/an. Puis, une fois l’infrastructure et les services rétablis, les ordres d’évacuation doivent aussi être levés.

 

Ce sont ces deux premières zones qui sont concernées par la nouvelle doctrine gouvernementale. Les 54 800 personnes concernées reçoivent, chaque mois 100 000 yens (830 euros) de TEPCo. Actuellement, il est prévu que ce soutien financier cesse un an après la levée de l’ordre d’évacuer. Le nouveau plan suppose que ces ordres d’évacuer seront levés avant six ans de catastrophe, c’est à dire avant mars 2017, sans exception. L’indemnisation cessera en mars 2018. Les personnes concernées auront reçu 8,4 millions de yens (70 000 euros) en tout. Si l’ordre d’évacuer devait être levé avant mars 2017, l’indemnisation irait jusqu’en mars 2018 avec le nouveau système.

 

Et si les travaux devaient prendre du retard, l’indemnisation s’arrêtera tout de même en 2018.

Une partie des responsables pensent que les gens ne veulent pas rentrer pour continuer à bénéficier de l’indemnisation. Cette nouvelle politique est supposée faciliter le retour. Même si c’est le cas pour quelques individus, la majorité hésite à rentrer à cause de la pollution radioactive persistante, du manque d’emplois ou de services, de l’éloignement des enfants ou petits-enfants, etc.

Cette approche montre que c’est le coût de la catastrophe qui domine la politique gouvernementale. Rappelons que la limite fixée pour autoriser le retour, qui est de 20 mSv/an pour la seule exposition externe est trop élevée. Le gouvernement s’est engagé à revenir au niveau normal de 1 mSv/an mais sans donner de calendrier. Toujours pas de calendrier dans la nouvelle approche. Une fois les habitants rentrés, les engagements seront vite oubliés.

 

Les 24 400 habitants originaires de la zone dite de retour difficile, là où l’exposition externe peut dépasser 50 mSv/an, il n’y aura pas de retour avant longtemps, voire de retour possible. TEPCo a déjà versé 14,5 millions de yens (120 000 euros) à chacun d’entre eux.

 

A cela s’ajoutent les « déplacés volontaires » qui ne bénéficient que d’un logement gratuit s’ils sont partis assez tôt. Il y a une volonté de cesser le soutien financier dès 2017.

 

Pour les entreprises victimes de la catastrophe nucléaire, l’indemnisation devrait être prolongée d’un an et devrait cesser en février 2017. C’est en tout cas ce que va proposer le principal parti au pouvoir. Après, ce sera encore possible mais il faudra qu’il y ait une évaluation au préalable. A la fin mars, TEPCo avait payé 465,5 milliards de yens (presque 4 milliards d’euros) d’indemnisation pour les entreprises." (Source
 

« Le bilan fin mars de cette année de TEPCo : 205 000 000 000 yen soit 1 506 750 000euros » (notes de traducteur)

 

Monsieur le Préfet,  demandez l’établissement de la loi au gouvernement, pour soutenir le logement gratuit pour évacuer les résidents plus longtemps et plus largement en cas d'accident nucléaire.

 

Monsieur le premier Ministre, prolongez le soutien au logement gratuit au nom de l'humanité S.V.P.

 

SIGNER LA PETITION

 

Traduction par Yuko HIROTA

 

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9 juin 2015 2 09 /06 /juin /2015 21:08
Ceci n’est pas une centrale accidentée

Ceci n’est pas une centrale accidentée

 

Par Fonzy (4ème témoignage)

 

« La situation à Fukushima est sous contrôle » a affrirmé le Premier ministre Shinzo Abe dans son discours en 2013 pour faire venir les Jeux Olympiques de 2020 à Tokyo. Evidemment, la centrale de Fukushima Daiichi n’est pas sous contrôle, elle a sans arrêt des problèmes et continue à contaminer notre Terre. Toutefois, l’Etat cherche à nous convaincre de sa déclaration tout en prenant diverses politiques, parmi lesquelles le retour d’habitants dans les villages interdits, divisés pour le moment en trois zones dont les appellations sont tellement incomprehensibles que j’ai du mal à les retenir ; la "zone de préparation au retour" (1-20mSv/an), la "zone d'habitat limité"  (20-50mSv/an) et la "zone de retour difficile" (plus de 50 mSv/an). En effet, il y a des villages à proximité de la centrale qui sont déjà redevenus ‘habitables’  bien qu’ils restent toujours très radioactifs. D’après les autorités, toutes les zones seront supprimées pour 2017 sauf la "zone de retour difficile".

zone de préparation au retour (partie verte) - zone d'habitat limité (partie orange) - zone de retour difficile (partie rose)

zone de préparation au retour (partie verte) - zone d'habitat limité (partie orange) - zone de retour difficile (partie rose)

  Ce qui m’indigne le plus, ce sont les politiques ciblant les enfants et les adolescents. Je vous donne deux exemples qui me paraissent moralement inadmissibles.

 

  Le lycée Futaba Mirai Gakuen a ouvert en avril 2015 dans le village de Hirono situé dans la zone de 25 km ( ! ) de Fukushima Daiichi. C’est une école municipale où étudient pour l’instant 152 lycéens, mais qui va accuillir aussi des collégiens dans un futur proche. Elle a été aussi homologuée par le Ministre de l’Education dans son programme de ‘Super Global Highschool’ destiné à former des ‘futurs leaders internationaux’. Ce n’est pas tout. Pour fêter son ouverture, il y a des célébrités qui sont venues à la cérémonie : le député Shinjiro Koizumi (fils de l’ex-Premier ministre Junichiro Koizumi), le poète Shuntaro Tanigawa, l’ex-astronaute Naoko Yamazaki, l’acteur Toshiyuki Nishida.... L’uniforme du lycée a été créé par le même couturier que celui du groupe AKB, groupe idole très célèbre composés de fillettes, qui ont visité l’école fin avril... Bref, on verse des sommes colossales pour dynamiser cette école qui se trouve sur le terrain hyper radioactif.

A la Cérémonie d’ouverture du lycée Futaba Mirai Gakuen (25 km de la centrale), des nouveaux élèves se réjouissent avec le député Shinjiro Koizumi (au milieu)

A la Cérémonie d’ouverture du lycée Futaba Mirai Gakuen (25 km de la centrale), des nouveaux élèves se réjouissent avec le député Shinjiro Koizumi (au milieu)

  L’autre exemple, c’est un voyage avec l’école. Au Japon, les enfants de 6e et de 4e partent normalement avec l’école passer une ou deux nuits quelque part dans les montagnes, au bord de la mer, ou près de sites historiques (par exemple, pour moi, c’était  Nikko et Kyoto il y a longtemps...). Fukushima, qui avait été l’une des destinations de voyage favorites, ne l’est plus depuis le 11 mars 2011, à cause de la catastrophe, bien entendu. Afin d’attirer plus de monde, le département de Fukushima commence à donner des subventions aux écoles qui le choisissent, et cette offre a enthousiasmé le préfet du département de Saitama (banlieue de Tokyo) qui l’a acceptée en disant qu’il faudrait soutenir nos amis de Fukushima. Par conséquent, dix écoles y vont cette année au lieu de deux en 2013 et de cinq en 2014. Le chef de Saitama espère doubler le nombre d’écoles qui partent à Fukushima l’année prochaine...

 

J’ai récemment visité l’exposition de René Magritte à Tokyo. A l’instar de Magritte, j’ai écrit, en dessous d’une photo de la centrale Fukushima Daiichi, « Ceci n’est pas une centrale accidéntée », parce que c’est justement ça qui se passe ici... Au lieu de souligner les dangers de la centrale ou de sensibiliser l’opinion publique sur la radioactivité, on encourage à visiter Fukushima, surtout les jeunes qui ont un grand avenir, qui sont suscetipibles d’être plus sensibles à la radiation. On n’y voit pas la centrale qui a explosé, qui a fondu jusqu’au meltdown, mais une centrale nickel sous contrôle...

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12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 08:37
Echapper aux « chaudrons de l'enfer »

INTERVIEW / Yauemon Sato :
Fukushima doit reconquérir ses ressources énergétiques pour échapper aux « chaudrons de
l’enfer ».

Le 1er mai 2015 / Auteur : Toshihide Ueda, rédacteur principal, article paru dans « THE ASAHI SHIMBUN » / Lien Source : http://ajw.asahi.com/article/views/opinion/AJ201505010047

Traduction Javale Gola

KITAKATA, Préfecture de Fukushima—Yauemon Sato, Dirigeant à la neuvième génération d’une brasserie de saké exploitée dans la ville depuis 1790, compare les réacteurs dévastés de la centrale nucléaire N°1 de Fukushima à des « chaudrons de l’enfer ».

Dans une interview récente pour le journal Asahi Shimbun, Sato dit que la catastrophe nucléaire « se répète chaque jour », en référence au gigantesque stock d’eau radioactive qui continue de croître—et souvent fuit —plus de quatre ans après la fusion des coeurs.

 

Il a fondé en 2013 la Compagnie d’énergie Aizu Denryoku*, ce fut sa réponse à la problématique de la voie qu’on devrait emprunter pour «la renaissance de Fukushima» suite à la catastrophe nucléaire.

Chef d’entreprise, Sato était bien déterminé à ne pas se contenter d’« un énième mouvement social ».

 

Il dirige aujourd’hui plus de vingt centrales solaires.

 

Sato entend également parier sur de micro-centrales hydroélectriques et sur la biomasse issue du bois, pour permettre à son affaire d’exploiter les abondantes ressources en eau et celles des forêts de la région de Aizu* dans l’ouest de la préfecture de Fukushima, où est située la ville de Kitakata.

Sato nous fait cette observation : « la région de Aizu dispose de ressources énergétiques propres à lui assurer l’auto-suffisance. Les eaux du lac Inawashiroko et de la rivière Tadamigawa étaient à l’origine notre propriété. Le moment est probablement venu qu’elles nous soient restituées. »

[*NDLT : Noter que la ville de Aizu est la capitale historique du département de Fukushima]                                                        

 

Nous vous proposons quelques extraits de l’interview :

 

***

QUESTION : Qu’est-ce qui motive votre investissement, en particulier en faveur d’énergies renouvelables ?

 

SATO : Vous connaissez le chaudron de l’enfer ? celui qui fait le mal ira en enfer bouillir dans ce chaudron. Eh bien nous avons quatre semblables chaudrons dans la préfecture de Fukushima, à la centrale nucléaire N°1 de Fukushima dont l’opérateur est la Cie d’Energie Electrique de Tokyo.[TEPCO]

 

Q.: Vous voulez parler des réacteurs N°1 à N°4 détruits par des accidents, n’est-ce pas ?

 

SATO : Tout-à-fait. Il est grand temps que la catastrophe prenne fin. Or, elle se reproduit chaque jour. Plus de 300 tonnes d’eau, contaminée par des substances radioactives à des niveaux intenses, sont produites chaque jour à la centrale, d’accord ? Nous, sommes une entreprise familiale de brasseurs de saké, au chiffre d’affaires annuel d’environ 350 millions de yens (2,9 millions de dollars). Et nous brassons environ 300 kilo-litres de saké, soient quelque 300 tonnes, chaque année. Eh bien ils produisent plus d’eau radioactive chaque jour, que nous de saké en une année.

 

Q. : L’ensemble du village de Iitate, dans la préfecture de Fukushima, est à ce jour toujours évacué en raison de la catastrophe nucléaire. Or, vous aviez apporté à Iitate votre soutien bien avant la catastrophe nucléaire déclenchée par le Grand Séisme et le tsunami dans l’Est du Japon. Pouvez-vous nous donner des précisions sur votre travail ?

 

SATO : Tout est parti d’une demande de la chambre de commerce et d’industrie du village, me proposant de brasser mon saké avec du riz cultivé à Iitate. J’ai accepté de devenir « un ambassadeur Madei » pour soutenir ce village, et puis une cérémonie d’investiture a eu lieu en janvier 2011. Deux mois plus tard se produisait la catastrophe nucléaire.

Iitate n’a rien rien à voir avec le nucléaire, alors je me suis dit qu’il fallait « que je vienne en aide à cette ville, d’une façon ou d’une autre ».

 

Q. : Ce terme de « Madei » signifie à peu près « solidaire » en dialecte local, et c’est une notion-vedette de l’entreprise pour le développement de la communauté de Iitate, n’est-ce pas ?

 

SATO : Certainement. Le maire de Iitate, Norio Kanno, a dit lors de la cérémonie d’investiture que le développement communautaire d’un « village solidaire » était quasiment parachevé. Mais tous ces efforts ont été ruinés par la catastrophe nucléaire.

Permettez-moi d’introduire une question : pourquoi la préfecture de Fukushima a-t-elle accueilli pas moins de 10 réacteurs nucléaires ? eh bien, elle l’a fait pour alimenter Tokyo en électricité. Mais les résidents de la préfecture de Fukushima n’ont pas fait suffisamment entendre leur voix, face au gouvernement central et à TEPCO.

Voilà quelques-unes des idées que j’ai partagées avec Yumiko Endo, l’ex-responsable du bureau préfectoral de l’Education pour la préfecture de Fukushima, ou encore avec Norio Akasaka, professeur d’ethnologie à l’université de Gakushuin et promoteur des «études du Tohoku».
Après, la première de nos actions fut la mise en oeuvre du « Fukushima Kaigi », un forum-citoyen qui s’est tenu à l’été 2011, pour débattre des modalités d’une « renaissance de Fukushima ».

 

Q. : C’est lors de ce forum que vous avez eu l’opportunité de faire la connaissance de Jun Yamada, un conseiller principal à Qualcomm Japan, la branche japonaise du fameux fabricant américain de circuits intégrés, n’est-ce pas ?

 

SATO : Oui. Yamada et moi nous sommes entretenus de ce qu’il faudrait faire à compter de là, et on s’est rendus à l’évidence : nous sommes des chefs d’entreprise inscrits dans leur époque. Nous contenter de maudire le gouvernement central et TEPCO ne mènerait pas bien loin. Un énième mouvement social ne nous satisferait pas. Alors finalement on est tombés d’accord : pourquoi ne créerions-nous pas une compagnie ?

 

Q. : Et la compagnie que vous avez créée, c’est Aizu Denryoku, c’est bien ça ?

 

SATO : bien sûr. Imaginez un peu, de quoi a-t-on fondamentalement besoin pour vivre ? Vous ne pouvez survivre que si l’eau, la nourriture et l’énergie sont à votre disposition.

Or, les 17 municipalités de la préfecture de Fukushima dans la région de Aizu, totalisent une population d’environ 280 000 résidents. Et cette région a suffisamment de riz et de ressources énergétiques pour être auto-suffisante. Les seules centrales hydroélectriques de la région de Aizu ont assez de potentiel énergétique pour couvrir les besoins de tous les ménages dans la préfecture de Fukushima.

 

Q. : Mais ces centrales-là, elles appartiennent à TEPCO, la Cie de l’Energie Electrique du Tohoku ainsi qu’à la Compagnie de Développement de l’Energie Electrique. La majeure partie de l’énergie produite est distribuée dans la région du Grand Tokyo. Que pensez-vous de cet arrangement ?

 

SATO : Nous n’avons pas les droits d’utiliser l’eau pour produire de l’énergie. Cependant, les eaux du lac Inawashiroko et de la rivière Tadamigawa étaient à l’origine notre propriété. Le moment est sans doute venu qu’elles nous soient restituées.

De même les centrales nucléaires sont situées sur le territoire de la préfecture de Fukushima. Pourquoi nous prive-t-on, là encore, de nos ressources ? Allons réclamer ce qu’on nous a pris. —Je ne dis rien d’autre.

 

Q. : La Compagnie Electrique du Tohoku a fixé une limite à la quantité d’électricité qu’elle achèterait aux sources d’énergies renouvelables. Quelle est votre approche concernant cette tâche ardue de vous confronter aux groupes d’intérêts ?

 

SATO : Mon père a débuté en court-circuitant les grossistes et les détaillants pour vendre notre saké directement aux touristes venant à Kitakata. Ce qui a déclenché un scandale inouï auprès des associations de grossistes et de détaillants. Mais à partir du moment où les consommateurs sont devenus friands de nos produits, ils ont passé des commandes aux détaillants et au final, ces mêmes détaillants ont été bien obligés de distribuer nos produits. La clientèle ne vous fera jamais défaut à condition que vous fassiez des produits de première qualité.

 

Q. : Vous rassemblez autour de vous un cercle grandissant de personnes acquises à votre point de vue. Iitate Denryoku, la compagnie de centrales solaires, a été créée à Iitate en septembre 2014, et vous en êtes le vice-président. Comment évolue-t-elle ?

 

SATO : A Tatami dans la préfecture de Fukushima, un nouveau groupe de personnes se mobilisent aujourd’hui pour créer une compagnie d’énergie : « Tatami Denryoku ». Quatre des 17 municipalités de la région de Aizu — Inawashiro, Bandai, Nishi-Aizu et Kita-Shiobara— ont décidé en mars d’investir dans Aizu Denryoku.

Notre objectif c’est de créer ce qu’on pourrait appeler «une compagnie publique de stockage». Nous avons encore quelques obstacles à dépasser, par exemple la question des droits d’exploitation de l’eau. Néanmoins notre projet est de multiplier dans les prochaines années des micro-centrales hydrauliques qui puissent utiliser l’eau des rivières ou d’autres sources connues, ainsi que la biomasse en misant sur le bois des forêts ou d’autres ressources.

On a commencé par l’énergie solaire, pour simplement renforcer l’assise de notre société.

 

Q. : Vous lancez à l’intention de l’ensemble des autorités municipales de la région de Aizu, un appel à l’injection de capital dans votre société. Quel rôle comptez-vous qu'elles jouent ?

 

SATO : Le développement de la communauté est d’abord le fait des gens du cru provenant du secteur privé, et de fait l’on n’escompte pas qu’il soit porté par les autorités dirigeantes. Le rôle des organes municipaux est d’appuyer l’action du secteur privé. C’est ainsi que la ville de Kitakata  a connu l’essor de sa réputation de « ville des entrepôts », ou « ville des ramen » puis a été confortée dans cette voie.

 

***

Né en 1951, Yauemon Sato est diplômé du Département Brasserie et Fermentation du Junior College de la Faculté d’Agriculture de Tokyo. En 1973 il est entré en apprentissage dans la brasserie familiale, la brasserie de sake « Yamatogawa Shuzoten ».
Il est inspiré par l’action de son père Yauemon Sato VIII dont il cite l’investissement dans la promotion de KItakata comme «la ville des entrepôts» et son engagement dans la conservation du patrimoine architectural au sein de l’Association Japonaise pour la Conservation et la Régénération de Machi-nami.

Sato, qui a repris en 2006 le flambeau de la Direction de l’entreprise familiale au rang de la neuvième génération, est également Directeur Général de la Coopérative Japonaise de Jizake, qui supervise les brasseries artisanales de saké, ainsi que Secrétaire en Chef d’une association nationale de fournisseurs locaux en énergie, dans laquelle les fondateurs ont inclus des services d’électricité desservant des zones localisées.

Le nom de l’entreprise Aizu Denryoku est emprunté à une compagnie qui exista avant la Seconde Guerre Mondiale. Un choix porteur de l’espoir de revivifier la tradition d’une telle compagnie qui puisse approvisionner en électricité les communautés locales.

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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 21:52
Fukushima work in progress

La catastrophe de Fukushima a inspiré Audrey Vernon pour écrire un spectacle poético-écologique intitulé « Fukushima work in progress. Une légende japonaise ». En compagnie de Xavier Mathieu, elle le présentera au public de la région parisienne les 19, 20 et 21 mai 2015 à l’Avant Seine / Théâtre de Colombes. Le blog de Fukushima a voulu en savoir plus sur cette œuvre originale en interrogeant sa créatrice.

BF : Qu’est-ce qui vous a motivé pour faire un spectacle sur le thème de Fukushima ?

 

AV : Après Comment épouser un milliardaire et Marx et Jenny, deux spectacles sur le capitalisme et le capital, il m'a semblé que Fukushima était l'apogée de l'irresponsabilité totale du capitalisme, de la quête de profit qui passe avant tout. Avant même la vie et la mort. C'est l'exemple ultime du capitalisme qui, par appât du gain, fait une énorme bêtise et ne sait que répondre après sinon : « Je suis désolé ». Personne n'a été condamné, personne ne le sera. Et qui va payer ? Les Japonais et le monde entier.

 

Voilà le capitalisme encore une fois résumé : l'enrichissement de certains par l'appauvrissement de tous... Je suis fascinée de voir que la vie continue pour les responsables, là où elle s'est arrêtée pour les 160 000 déplacés, les 16 000 morts et les populations locales qui ont été privées de leur passé, de leurs racines et parfois de leur futur. Personne ne se soucie d'eux. Ils sont devenus des parias : être victime du capitalisme est presque considéré comme un crime.

 

BF : Quelles ont été vos sources pour écrire ce spectacle ?

 

AV : Le blog Fukushima a été une aide précieuse pour trouver les documents officiels et notamment le rapport de la commission d'enquête sur l'accident, véritable base de travail pour moi. Egalement les traductions des différents témoignages, ceux de Hori Yasuo, de Naoto Kan et Masao Yoshida. Le blog de Fukushima a été une de mes sources principales avec le livre d'Antonio Pagnotta, Le Dernier Homme de Fukushima.

 

BF : En quoi votre spectacle peut faire prendre conscience des dangers du nucléaire ?

 

AV : Je pense que mon spectacle dévoile la vérité de l'accident, point par point, de façon factuelle, donc objective. Voilà ce qui s'est passé : pendant 10 heures le réacteur numéro 1 n'a plus été refroidi puis, puis, puis... Je veux que chacun se fasse son idée. Je montre l’irresponsabilité de comportements capitalistes.

 

Quelques jours avant, un rapport montrait déjà les dangers.  Ce qui est fou c'est que ça aurait pu être bien pire : la gestion de la crise a vraiment été menée par des gens dévoués et sacrificiels. Ils ont tout fait pour que la catastrophe soit contenue. Et voilà ce que donne le « minimum » de dégâts : 3 coriums, des kilomètres carrés inhabitables, une pollution radioactive incessante... C'est le résultat avec 54 centrales qui se sont arrêtées. On peut imaginer ce qui se passerait dans d'autres circonstances. Si l’accident à Fukushima n’avait pas été « contrôlé », que serait-il advenu ? Et que pourrait-il se passer en France où nous en avons 58 ?

 

L'énergie nucléaire n'est pas maitrisable, il suffit de 3 heures sans surveillance et le combustible commence sa course à la catastrophe. Comment accepter que, partout dans le monde, il existe des choses si dangereuses qu'on ne peut les quitter des yeux plus de 3 heures ? Sans parler du fait qu'une fois la réaction de fission arrêtée, il faut refroidir pendant des années pour éviter la fusion du "combustible. Ces centrales électriques sont immaitrisables sans électricité. C'est tellement absurde.

 

Ce que j'ai trouvé drôle, c'est l’aspect humain de la situation : tout à coup des ouvriers en situation de panique, sans lumières, sans instruments de mesure doivent contrôler 3 réacteurs nucléaires avec les moyens du bord, des lances à incendies, des batteries de voitures... Et les réacteurs tout à coup deviennent très poétiques : ils ont l'air de s'éclater dans la catastrophe, comme si leur instinct reprenait le dessus, comme des tigres de cirque retournés à l'état sauvage et qui mangent leur dresseur. L'instinct de l'énergie nucléaire n'est pas d'être contenue.

 

BF : En utilisant la scène comme « espace de lutte » pouvez-vous expliquer comment la culture peut avoir un rôle à jouer dans l’évolution de notre société ?

 

AV : Vu que les puissants, les hommes politiques et les médias en général se foutent de la survie des êtres humains et de la planète, il me semble que les artistes et le peuple doivent s'unir pour essayer de changer les choses. Je n'utilise pas la scène comme un espace de lutte mais comme un espace de création. Sur une scène, on peut recréer le monde, le modifier, montrer comment il pourrait exister si... Et ensuite le public se fait son idée.

 

Je ne sais pas comment l'art peut changer le monde mais il me semble que Delacroix, Hugo, Marx - que je place parmi les artistes - ou Mozart ont inspiré des gens pour le faire. Les artistes ont du temps, toute leur journée (surtout moi en tant qu'actrice), pour rêvasser, lire, écrire... On est là pour essayer de réfléchir autrement. Je trouve que l'art donne du courage, de l'inspiration, pour devenir « the tipping point », cet élément qui fait basculer le système. Sans cette possibilité, la vie serait trop triste. Heureusement qu'on a le droit de rebattre les cartes. Je suis aussi contente de travailler avec Xavier Mathieu qui porte en lui cette révolte contre le capitalisme destructeur de vies humaines. Ce capitalisme qui avance une fin de non-recevoir quand ça l'arrange.

 

En tout cas, j'ai adoré créer le spectacle Fukushima, même si c'est la matière la plus triste, la plus dense et la plus profonde sur laquelle j'ai travaillé. En général, j'arrive à écrire des journées entières quand je suis lancée. Pour Fukushima, j'étais obligée de m'arrêter au bout de 3 ou 4 heures, sinon j'avais l'impression d'être complètement irradiée et épuisée. Et je suis ravie de jouer le spectacle maintenant, alors que l’actualité nucléaire est toujours brûlante au Japon, mais surtout en France. Vu ce qui se passe autour d'Areva et EDF, le gouffre financier, la menace permanente, l'obligation de rogner sur tout, les risques d'une catastrophe écologique, humaine, etc. On devrait être 65 millions actuellement à croiser les doigts.

 

En savoir plus sur le spectacle d’Audrey Vernon : cliquez ici.

La bande annonce du spectacle

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Dernière mise à jour : 12/05/15

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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 22:18

Quatrième témoignage de Permaria

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Action de protestation contre Tepco

Mouvement du refus « provisoire » de paiement

de facture d’électricité

 

 

Ayant fini une action protestataire contre Tepco à la succursale à Kawasaki, j’ai vu que l’aiguille de l’horloge de la gare marquait quatorze heures quarante-six. Ce n’était qu’une pure coïncidence, mais ce hasard m’était significatif car s’il n’y avait pas eu ce gigantesque séisme du 11 mars il y a quatre ans, je ne serais pas allée protester à Tepco avec Monsieur Ôtomi, jeune peintre et père de famille d’une trentaine d’année. Son fils a juste quatre ans. Le petit garçon avait quelques mois lors des évènements qui ont eu lieu du 11 au 15 mars 2011, avec l’explosion de trois réacteurs de la centrale de Fukushima Daïichi. Le jeune artiste s’inquiète beaucoup de la santé de son fils et aussi celle de la génération de son enfant. Ils habitent comme moi à Kawasaki, ville qui se trouve à 250 km de la centrale.

 

Si je n’avais pas appris que ce jeune homme avait créé, avec ses amis, un mouvement anti-nucléaire qui consiste à payer la facture d’électricité en retard au comptoir d’une banque, d’une supérette ou à la poste, un Yen de plus ou moins que la somme demandée, en inscrivant une petite phrase ou un mot pour exprimer notre refus de l’énergie nucléaire, je n’aurais pu dialoguer avec des employés de Tepco.

Action de protestation contre Tepco

L’action de protestation, le drapeau très saillant en couleur rouge et blanc et le dialogue avec les gens de Tepco, tout ça, c’est également pour lui une forme d’art, m’a-t-il dit. Nous sommes deux cents ou trois cents ou encore un peu plus qui sommes d’accord avec l’idée de Monsieur Ôtomi : le prélèvement automatique bancaire est la carte blanche au redémarrage des centrales nucléaires.

 

Voici des photos prises lors de la deuxième action protestataire en août de l’année dernière. Le 20 février, c’était la troisième action protestataire et pour moi c’était la première. Ce jour-là, Tepco ne nous a pas permis de prendre des photos dans leurs locaux. Sur l’affiche passée à un employé de Tepco, on lit nos demandes dont la première est le refus du redémarrage de la centrale nucléaire à Kashiwazaki Kariwa dans le département de Niigata.

 

Permaria

 

« Nos demandes : - Ne pas redémarrer la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa dans le département de Niigata, - Démanteler toutes les centrales nucléaires, - Collaborer aux enquêtes effectuées par la justice, - Ne pas cacher les preuves de l’accident, - Réparer vite et sincèrement  tous les dégâts aux victimes et les sinistrés, - Traiter Tepco comme une entreprise en banqueroute et résoudre les problèmes de dette.

« Nos demandes : - Ne pas redémarrer la centrale nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa dans le département de Niigata, - Démanteler toutes les centrales nucléaires, - Collaborer aux enquêtes effectuées par la justice, - Ne pas cacher les preuves de l’accident, - Réparer vite et sincèrement tous les dégâts aux victimes et les sinistrés, - Traiter Tepco comme une entreprise en banqueroute et résoudre les problèmes de dette.

Action de protestation contre Tepco

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5 avril 2015 7 05 /04 /avril /2015 06:00

Quatre articles ont été publiés récemment sur Fukushima. Ils montrent que rien n’est réglé, que les mêmes questions se posent depuis 4 ans. Partir est une solution pour ceux qui s’en donnent les moyens. Rester est-il pour autant un acte qui fait le jeu du gouvernement qui souhaite le retour des populations en zone contaminée ? Dans une situation qui reste inextricable, il y a plusieurs « solutions », chaque individu fait son choix ou son non choix.

  • À Fukushima, la population est dans une situation inextricable
  • Partir de Tokyo
  • Quatre ans après, Fukushima
  • Fukushima : cogérer l’agonie

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« À Fukushima, la population est dans une situation inextricable »

par Louise Lis (site Le journal du CNRS)

Logements provisoires pour personnes déplacées dans la municipalité de Minamisoma, dans la région de Fukushima - T. MUNITA/The New York Times-REDUX-REA

Logements provisoires pour personnes déplacées dans la municipalité de Minamisoma, dans la région de Fukushima - T. MUNITA/The New York Times-REDUX-REA

Quatre ans après l’explosion d’une centrale nucléaire à Fukushima, le sort des populations concernées est loin d’être réglé. La chercheuse Cécile Asanuma-Brice décrypte la politique qui vise à inciter ces personnes à réintégrer les zones encore contaminées.

Résidente au Japon depuis près de quinze ans, Cécile Asanuma-Brice travaille au bureau du CNRS à Tokyo et est chercheuse associée au centre de recherche de la Maison franco-japonaise de Tokyo et au Laboratoire international associé « Protection humaine et réponse au désastre » (HPDR) créé par le CNRS et d’autres institutions françaises et japonaises, à la suite de la catastrophe de Fukushima. Le 11 mars 2011, un tremblement de terre suivi d’un tsunami avait provoqué l’explosion, le lendemain, d’une centrale nucléaire dans cette région.
  
             

Combien de personnes restent déplacées ? Dans quelles conditions vivent-elles ?
Cécile Asanuma-Brice : Le gouvernement japonais fait état de 118 812 personnes déplacées1, dont 73 077 à l’intérieur du département de Fukushima et 45 735 à l’extérieur, ce qui représente une baisse puisque les mêmes statistiques officielles affichaient 160 000 personnes déplacées en 2011, quelques mois après la catastrophe. En réalité, le nombre de personnes déplacées est bien plus élevé que cela. Car le système d’enregistrement mis en place par l’Administration est extrêmement contraignant et une partie non négligeable des habitants n’a pas voulu s’y plier. J’ai personnellement interviewé plusieurs familles regroupées au sein d’associations qui ont refusé cet enregistrement, car cela aboutissait à leur faire perdre des droits, notamment quant à la gratuité de leur suivi médical.

Dans un premier temps, le gouvernement japonais a ouvert à la gratuité le parc des logements publics vacants sur l’ensemble du territoire aux personnes qui souhaitaient s’installer ailleurs. Cette mesure était positive, même si elle ne s’est pas accompagnée de politiques d’aide à l’emploi qui auraient permis une intégration durable des nouveaux migrants dans les territoires d’accueil. En outre, cette directive a pris fin en décembre 2012. Simultanément, des logements provisoires ont été construits mais en partie sur des zones contaminées selon la carte de répartition de la contamination produite par le ministère de la Recherche du gouvernement japonais.

Dans la loi, la vie dans ces logements est limitée à deux ans en raison de l’inconfort des lieux. Mais le provisoire est en train de durer. Les réfugiés qui vivent sur ces terrains vacants aux marges des villes ont à leur charge la consommation d’électricité, de gaz et d’eau, et sont également contraints d’acheter les aliments qu’ils produisaient autrefois, la plupart d’entre eux étant fermiers. Le revenu de compensation de 100 000 yens (environ 750 euros, NDLR) par mois qui leur est versé par Tepco, l’entreprise de gestion de la centrale, est insuffisant pour couvrir ces frais. Enfin, des logiques de discrimination commencent à apparaître, pointant les réfugiés comme des « assistés », ce qui est extrêmement mal considéré dans un pays qui place très haut la valeur du travail.

Le 9 novembre 2013, M. Ônuma et son épouse sont venus déposer les os de leur défunt au temple de Futaba, leur ville d’origine aujourd’hui inhabitable à cause de la radioactivité. Sur le portique derrière eux, on peut lire : «Le nucléaire, l’énergie pour un futur radieux.» - © M. Ônuma

Le 9 novembre 2013, M. Ônuma et son épouse sont venus déposer les os de leur défunt au temple de Futaba, leur ville d’origine aujourd’hui inhabitable à cause de la radioactivité. Sur le portique derrière eux, on peut lire : «Le nucléaire, l’énergie pour un futur radieux.» - © M. Ônuma

Les populations expriment-elles le souhait de rentrer chez elles ? Quel est l’état d’esprit dominant ?
C. A.-B. : Beaucoup de familles sont installées loin de leur village d’origine tandis que les pères continuent de travailler dans le département où elles vivaient. Une majorité d’entre elles sont propriétaires de leur maison ou appartement ; elles ont emprunté pour cela et il leur est par conséquent très difficile de tout abandonner sans l’application d’un droit au refuge, soit l’assurance d’une compensation financière et d’une aide à la recherche d’emploi dans la région d’accueil. Cela serait envisageable si l’on considère les sommes faramineuses consacrées à la décontamination inefficace des territoires. Ces habitants sont mis dans une situation inextricable et cela se traduit par un taux de divorce élevé, de même que celui des suicides et des dépressions nerveuses…

Néanmoins, le gouvernement entretient soigneusement l’idée d’un retour possible et tend à rouvrir progressivement les zones qui étaient interdites à l’habitation. Ainsi, la zone de réglementation spéciale qui recouvrait les neuf collectivités locales autour de la centrale a été totalement supprimée, ce qui recouvre une population de 76 420 personnes. Un peu moins de deux tiers d’entre elles – 51 360 personnes exactement – se trouvent dans la zone de « préparation à l’annulation de la directive d’évacuation » – dont le taux de contamination est en deça de 20 millisieverts (mSv) –, ce qui signifie qu’elles peuvent se déplacer librement dans cette zone durant la journée afin d’entretenir leur habitat ou d’y travailler. L’annulation de la directive a été effective en partie en 2014. Dans la zone de restriction de résidence, qui concerne 25 % des habitants (19 230 personnes), il est permis d’entrer et de sortir librement pendant la journée mais pas de travailler.

 

(…)

Lire la suite ici : https://lejournal.cnrs.fr/articles/a-fukushima-la-population-est-dans-une-situation-inextricable

 

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Partir de Tokyo

Témoignage de Yabu sur le site lundimatin

Où Yabu nous raconte sa fuite de la capitale le lendemain de l’accident nucléaire, et des rencontres improbables qui s’en sont suivies.

 

L’après-midi du jour du séisme...

L’après-midi du jour de séisme, les transports publics ne marchaient plus à Tokyo, nous n’avions plus aucun moyen de rentrer à la maison, en tout cas pour tous ceux qui vivaient en banlieue. Des dizaines de milliers de gens marchaient jusqu’à leur maison, c’était une scène spectaculaire. Un ami m’avait prêté un vélo pour aller de Shinjuku à Kita-ku, il y a un peu moins de 10km, je suis donc rentré à la maison de cette manière. Heureusement, tout allait bien chez moi. J’ai allumé la télé, je crois me souvenir vers 18h ou 19h et j’ai vu un flash d’info qui parlait de la centrale de Fukushima Daiichi, ils disaient que le système de refroidissement était tombé en panne. Et comme j’avais déjà des connaissances sur le nucléaire avant l’accident, j’ai donc tout de suite compris l’ampleur de la situation, j’ai réalisé intuitivement que Tokyo ne serait pas à l’abri.

J’ai surtout pensé alors à comment protéger ma fille contre la radiation, je suis donc allé à la pharmacie, j’ai demandé des pastilles d’iode, mais il n’y en avait pas. Les pastilles d’iode ne sont pas des produits commercialisés qui circulent normalement, de ce fait, faute de mieux, j’ai acheté de la teinture de l’iode. J’en ai dilué et ma fille et moi en avons bu.

Points de vue sur Fukushima

Nous sommes partis avec ma fille

Le lendemain, la situation ne s’était pas vraiment arrangée, mais les transports publics reprenaient peu à peu. Je suis donc allé à la Gare de Tokyo pour voir si je pouvais prendre un Shinkansen (TGV japonais) pour Nagoya où vit ma mère, comme il circulait normalement, je suis parti avec ma fille. On a dû arrivés chez ma mère vers midi ou 15h, je regardais la télé pour suivre les infos, et c’est à ce moment là que j’ai appris que la centrale de Fukushima Daiichi avait explosé. Je me suis dit qu’il serait difficile de rentrer à Tokyo, c’est vrai qu’il y a tout de même 250 km qui séparent la ville de la centrale, mais il faut savoir que la plaine de Kanto, c’est tout plat, rien ne peut faire écran au panache radioactif, je me suis dit alors qu’il était fort possible que la contamination arrive jusqu’à Tokyo.

Je continuais à regarder la télé à Nagoya. Petit à petit, mes proches sont venus me rejoindre chez ma mère pour se réfugier temporairement. On regardait la télé tous ensemble, je crois me souvenir c’était environ le 20 mars. L’iode radioactif a à ce moment là été détecté dans l’eau du robinet de Tokyo, laquelle vient pour moitié du fleuve Tone-gawa, l’amont du fleuve Tone-gawa se trouvant dans le département de Tochigi, qui est un département voisin de Fukushima. Là-bas, c’était contaminé. Un peu plus tard, dans l’Est de Tokyo, notamment dans le quartier Tokatsu, un niveau de radiation élevé a été constaté dans l’air. Le panache radioactif était parvenu jusque là. Fin mars, nous avons déménagé précipitamment de Tokyo à Nagoya, en avril, ma fille a commencé à aller à sa nouvelle école [1] .

On s’est dit qu’il faudrait aller prendre des mesures par nous-mêmes
Au début, c’était très difficile d’avoir une idée de la contamination exacte à Tokyo, le problème étant qu’il n’y a qu’un point de surveillance, placé très haut, pour l’ensemble de la ville de Tokyo. C’est un équipement qui date de l’époque des essais nucléaires atmosphériques, il n’est donc pas adapté à un environnement humain. C’est pour cette raison que l’on s’est dit qu’il faudrait aller prendre des mesures par nous-mêmes. Je suis donc retourné à Tokyo pour cela, à la fin du mois de mai, après mon emménagement à Nagoya. Il me fallait d’abord des compteurs-Geiger mais ils étaient difficiles à trouver, j’ai donc demandé à mes amis japonais vivant en France qui m’ont fait savoir que la CRIIRAD viendrait bientôt faire une conférence à Tokyo, il était également prévu qu’elle se rende à Fukushima. Les gens de la CRIIRAD [2] nous ont proposé de nous donner deux compteurs-Geiger si nous les aidions à organiser la conférence à Tokyo.

J’ai fait appel aux amis de Tokyo pour organiser la conférence, nous l’avons intitulée : « Mesure citoyenne de la radiation pour les amateurs, pour n’importe qui ». Les chercheurs de la CRIIRAD ont expliqué comment utiliser un dosimètre, son principe, etc. Mais nous avons été victimes de notre succès, plus de 200 personnes sont venues, beaucoup de jeunes pères et mères comme moi-même, et ce bien qu’elle ait été organisée en urgence. La salle était trop petite pour accueillir tous ceux qui voulaient entrer.

 (…)

Lire la suite ici : https://lundi.am/Partir-de-Tokyo

 

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Quatre ans après, Fukushima

par Kolin Kobayashi

 

Quatre ans ont passé, nous sommes toujours dans l’état d’urgence. Cet état d'urgence ne sera levé qu'à condition que le niveau radioactif passe en dessous de 1mSV/an et qu’il n’y ait plus de zone sous contrôle.

Dans la loi japonaise, si le taux radioactif dépasse 40 000 bq/m2, la zone est mise sous contrôle administratif. Deux tiers du département de Fukushima et quelques autres zones chaudes sont dans ce cas de figure. Ces espaces sont en principe inhabitables, parcourus par des experts qui ont le droit d’entrer et sortir, l’eau est impropre à la consommation, alors qu’il y a environ 2 millions d’habitants qui y vivent encore aujourd’hui. Ces zones doivent donc être classées officiellement comme zones sous contrôle administratif, c'est ce que déclare avec insistance le Prof. Koïdé Hiroaki. (Par parenthèse, à Tchernobyl, il y a 15 millions d'habitants qui vivent aujourd'hui dans les régions qui devraient être considérées comme des zones sous contrôle administratif selon les normes internationales. Les conséquences de Tchernobyl n'est donc pas finies aujourd'hui encore après 29 ans).

 

Sur tous les fronts, la bataille fait rage

D'abord, la question du redémarrage :

On sait que le gouvernement Abé voudrait faire redémarrer malgré d'autres risques de séisme possibles. Le ministère de l'économie et de l'industrie essaie de corrompre les communes où se situent les centrales en proposant une subvention trois fois plus importante que celle de l'an dernier, soit 2,3 milliards de yen (=775 190 euros), afin qu'elles acceptent rapidement le redémarrage. Les centrales de Sendai, de Takahama, et de Ohi ont déposé une demande de redémarrage et l'Autorité de régulation nucléaire a l'intention de leur donner son feu vert. N'oublions pas que le président de l'Autorité est un scientifique, venu du lobby nucléaire dont la nomination a été très contestée. Tout de même, il y a une question administrative à surmonter. A la question d'un député d'opposition sur l'obtention de l'accord des communes situées dans un rayon de 30 km autour des centrales, le ministère de l'écologie a répondu que cet accord était indispensable, pour des raisons de mise en place des dispositifs d'évacuation des populations en cas d'accident. Quant à la centrale de Sendai, le gouverneur de Kagoshima et le conseil général ont donné leur aval, mais il y a un certain nombre de communes qui restent en désaccord justement sur la question de l'évacuation.

 

Retour de la population et travaux de décontamination

La politique gouvernementale du régime Abé sur les réfugiés consiste à ouvrir des zones de préparation au retour pour 32 000 personnes, comme Minami-Soma, Naraha, ou une partie de Tomioka et de Kawachi, Katsurao et Kawamata. La normalisation de ces zones et la sortie de l'état d'urgence sont nécessaires pour pouvoir commencer à préparer les Jeux olympiques de Tokyo de 2020. D'après les sondages, il n'y a qu'entre 12 et 17% de cette population qui accepterait de revenir dans les zones préparées, principalement des personnes de plus de 50 ans.

Mais les travaux de décontamination ne décontaminent pas et transfèrent la radioactivité ailleurs. Le gouvernement annonce quand même qu'ils ont avancé que 14 % sur l'ensemble des zones à décontaminer.

 

Gestion de l'eau contaminée

Cela a commencé depuis le tout début de l’accident en 2011. La fuite d'eau devient un défi quotidien impossible de 6 000 travailleurs nucléaires sur place. Mais cette affaire est finalement ingérable, c'est comme le mythe de Sisyphe. Concernant la dernière fuite ( février 2015), le niveau radioactif est 70 fois plus élevé que le taux normaux, TEPCO a caché l'information depuis mai dernier et l'Autorité de régulation nucléaire la laisse faire sans aucun contrôle.

En 2013, d’après TEPCO, l'eau contaminée évacuée contenait 14 milliards de Bq/par jour du Strontium90, 25 milliards de Bq/jour de Césium137, et 25 milliards de Bq/jour Tritium.

En 2014, 5 milliards de Bq/j de Tr90, 2 milliards de Bq/j de Césium137, et 15 milliards de Bq/j de Tritium.

En 2015, le Tr90 en est à 7230 Bq/litre.

L'AIEA préconise de verser l'eau contaminée dans la mer après l'avoir filtrée par un système de décontamination globale, mais qui ne filtre pas le Tritium puisqu'il fond dans l'eau. La Fédération nationale des syndicats de pêcheurs japonais s'oppose farouchement contre une telle décision.

 

Situation sanitaire

Au Japon, nous sommes toujours sous l'état d'urgence décrété le 11 mars 2011. Pour que la déclaration soit levée, il faut que le niveau radioactif redevienne normal, c'est-à-dire 1 mSV/an et que des zones sous contrôle soient supprimées, sauf les zones de non-retour. C’est la raison pour laquelle le gouvernement japonais se précipite de faire revenir la population locale dans son habitat d'origine. Mais on n'est encore très loin de la normalisation.

Quand on aborde la question de la santé après l'accident de Fukushima-Daiichi, on a l'impression d'être dans un brouillard épais. Pourquoi cette invisibilité profonde ? Il y a deux raisons principales. Premièrement, les effets des radiations sur le corps humain ne sont pas toujours évidents, il y a les effets dits stochastiques et les déterministes. Les premiers se verront dans dix à vingt ans, voire plus de trente ans, les seconds sont les réactions immédiates, dont on n’a pas besoin de parler puisqu’ils sont déjà reconnus (brûlures, détérioration de peau, saignements, cheveux tombés, cancers,  décès...). Mais pour les effets stochastiques, avec le temps, ils pourraient être attribués à d’autres causes, car le savoir scientifique d'aujourd'hui refuse de reconnaître l'impact de la radioactivité dans certaines maladies somatiques. Pourtant, depuis Tchernobyl, la science a connu un certain progrès, notamment dans le domaine de la biologie moléculaire pour déterminer les réactions des radionucléides dans les tissus. Deuxièmement, il y a une volonté de minimisations, de falsification, et de désinformation de la part des autorités nationales et internationales, de TEPCO, et des experts de radioprotection des organisations internationales, et Yves va aborder précisément cette question. Ces procédures ne sont pas nouvelles à Fukushima, mais on les observe depuis l'accident de Tchernobyl. C’est souvent le même discours, le même dogme mensonger propagé par les mêmes acteurs. Chaque fois qu'on parle de la gestion de la santé lié aux accidents nucléaires, on doit dénoncer ce système de censure instauré par la mafia atomique qui comprend non seulement les autorités locales et nationales mais aussi les organisations internationales telles que l'AIEA, l'UNSCEAR et la CIPR.

(…)

Lire la suite : http://echoechanges-echoechanges.blogspot.fr/2015/03/quatre-ans-apres-fukushima.html

 

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Fukushima : cogérer l’agonie

par Nadine et Thierry Ribault

Cet article a été publié sur le site de Paul Jorion

 

En ce 11 mars 2015, quatre ans après l’inachevable désastre nucléaire de Fukushima, on peut, bien entendu, établir un bilan officiel : 87 enfants atteints d’un cancer de la thyroïde, 23 autres suspectés de l’être, 120.000 « réfugiés », 50.000 liquidateurs mobilisés au seuil sacrificiel dûment relevé, des piscines remplies de combustibles prêtes à nous exploser au nez, des rejets massifs et réguliers d’eau contaminée dans l’océan, pas moins de 30 millions de m3 de déchets radioactifs à stocker pour l’éternité.

Ce bilan existe. Nous vous y renvoyons.

 

L’État fait des habitants de Fukushima des cogestionnaires du désastre

Une fois ce « bilan » dressé, une fois les victimes et les inquiétudes considérées avec respect, il s’agit de tirer les conclusions qui s’imposent. L’une d’entre elles est la suivante : au fur et à mesure que se mettait en place l’aide fournie par des groupes citoyens, des ONG, des structures plus ou moins indépendantes, l’État faisait des habitants de Fukushima, indéniablement et sous couvert de « participation citoyenne », des cogestionnaires du désastre. On pourra nous opposer que cet élan civique a relevé de la spontanéité, voire de l’amour du prochain, que l’État n’a donné aucun ordre allant dans ce sens, que chacun était, et reste, libre de « s’engager » dans de tels mouvements, certes ! Cependant, beaucoup des hommes et des femmes qui l’ont fait, même si c’est inconsciemment, ont fait le jeu de l’État.

Voilà ce que nous avons constaté.

La plupart de ses groupes citoyens, ces ONG, ces structures plus ou moins indépendantes ont appelé les habitants à s’équiper de dosimètres, les ont aidé à s’en procurer ou à s’en fabriquer sur le mode do-it-yourself, les ont assistés dans la tâche pharaonique d’une impossible décontamination, ont réuni des fonds aux sommes parfois colossales pour acheter des équipements permettant d’effectuer des anthropogammamétries, y ont fait asseoir leurs congénères pour leur asséner des chiffres dont ils ne savaient que faire, ont élaboré des cartes des retombées radioactives au mètre près, ont ouvert des dispensaires dédiés à l’évaluation des doses reçues et au suivi sanitaire des populations. Ces « initiatives citoyennes » ont visé à rendre compte d’une réalité dont les protagonistes estimaient qu’elle était niée par les autorités. Ce faisant, plutôt que de les mener à « sauver leur vie », autrement dit prendre leurs jambes à leur cou (comme l’ont fait certaines structures, dans le Yamanashi par exemple, aidant les gens à refaire leur vie ailleurs), la plupart d’entre elles ont aidé les gens à rester sur place, ce qui a fait le jeu d’un État qui n’avait d’autre objectif, dès le début des évènements, que de maintenir les populations en place. Ce faisant, plutôt que de remettre en question la thanato-politique de folles sociétés humaines bâties sur le danger et le gouvernement par la mort, ces structures ont appris aux gens à vivre avec, attendu que les dosimètres créeraient le miracle.

De Tchernobyl à Fukushima, la cogestion a fait faire un bond qualitatif à l’administration du désastre : travaillant à la grande inversion du désastre en remède, elle a porté à un degré de perfection jamais atteint jusqu’à présent la responsabilisation de chacun dans sa propre destruction et la nationalisation du peuple qui la fonde.

 

Groupes indépendants… intégrés

Prenons deux exemples qui montrent comment, un jour ou l’autre, ces structures plus ou moins indépendantes l’ont été de moins en moins et se sont, avec plus ou moins d’état d’âme, ralliées aux structures étatiques.

Premier exemple : Ethos, programme développé en Biélorussie dans les années 1990 pour « améliorer les conditions de vie dans les zones contaminées », soutenu par la commission européenne, dont le leader était notamment directeur du CEPN, Centre d’études sur l’évaluation de la protection dans le domaine nucléaire, association financée par EDF, le CEA, la Cogema et l’IRSN. Un clone de ce programme, Ethos in Fukushima, est né au Japon six mois après le 11 mars 2011, à l’initiative d’une ONG locale visant à soutenir le moral des troupes contaminées à travers des réunions d’information où sont prônées l’entraide entre les habitants et des mesures illusoires de protection contre la radioactivité. Le mot d’ordre de l’ONG, dont la foi, logiquement, renverse les montagnes, est : « Malgré tout, vivre ici, c’est merveilleux, et nous pouvons transmettre un avenir meilleur ». L’élève ayant rapidement dépassé le maître, cette initiative a fait l’objet d’une prise en main de la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR), qui a mené à la mise en place de « Dialogues ». Ces séminaires participatifs ont alors rassemblé des élus, des experts scientifiques et des groupes de citoyens soucieux de « revitaliser » les zones contaminées qui en avaient bien besoin, afin d’inculquer une « culture pratique radiologique » et d’aider chacun à « optimiser les doses ».

(…)

Lire la suite : http://www.pauljorion.com/blog/2015/03/13/fukushima-cogerer-lagonie-par-nadine-et-thierry-ribault/#more-73924

 

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